Quatorze tués, dont plusieurs policiers, hier, dans deux attentats suicide à la voiture piégée. Après un calme relatif et trompeur, -qui fit dire, un peu vite, à des responsables américains que les choses étaient sur la bonne voie et que leurs troupes commençaient à maîtriser la situation-, la violence a repris à nouveau en Irak lors des dernières quarante-huit heures qui virent plusieurs attentats ciblant notamment des policiers, des institutions publiques et des hôtels réservés aux étrangers. Hier deux attentats suicide à la voiture piégée eurent lieu dans les localités de Khan Bani Saad et de Baaqouba, dans le nord de Bagdad, tuant quatorze personnes, dont plusieurs policiers, et des dizaines de blessés, tous Irakiens. Dans les attentats d'hier, deux commissariats de police étaient visés, ce qui fait des services de sécurité irakiens l'une des cibles privilégiées de la guérilla anti-américaine. Ces deux attentats ont été précédés dans la journée du vendredi d'une série de tir de roquettes contre les hôtels Palestine et Sheraton dans la capitale irakienne, ainsi que contre le complexe du ministère du Pétrole. Les deux hôtels visés, où il ne fut pas signalé de victimes, abritaient surtout des journalistes et des coopérants civils. Jeudi, un attentat à la voiture piégée à Kirkouk, au nord de Bagdad, a fait 5 morts, alors qu'un autre attentat qui a fait deux morts a été perpétré mercredi à Ramadi, à l'ouest de la capitale. Aussi, même si les officiers américains, tentent de minimiser la portée de ces attentats qualifiés de «militairement insignifiants», il n'en reste pas moins que l'activité de la guérilla, à défaut de faire autrement de dégâts, n'en participe pas moins, comme le reconnaît un officier américain, à «saper le moral et de faire la Une de l'actualité». Certes! Il n'en reste pas moins que la dernière opération de la guérilla contre le contingent italien s'est soldée par une hécatombe, opération anti-américaine qui vient juste après celle contre des hélicoptères de combat américains, -en une dizaine de jours les Américains avaient perdu cinq gros hélicoptères de combat-, contre le siège des Nations unies à Bagdad, celui de la Croix-Rouge internationale ou de l'ambassade de Jordanie. Aujourd'hui, alors que la coalition américano-britannique n'arrive pas à établir l'identité des groupes de résistants irakiens, l'on tente, -après le retour au premier plan de l'organisation d'Oussama Ben Laden-, de lier ces divers attentats aux réseaux d'Al-Qaîda. Aussi, les Américains essaient-ils de convaincre que les attentats kamikazes sont le fait d'étrangers, comme l'indique le général Dempsey, qui affirme que «la connexion entre les kamikazes et les affidés de l'ancien régime (de Saddam Hussein) est difficile à établir. Ils cherchent à l'extérieur les étrangers qui vont conduire les voitures piégées». Un aveu d'échec implicite, comme quoi, les Américains après près de sept mois d'occupation ne parviennent toujours pas à établir une carte de la résistance laquelle demeure, pour eux, totalement opaque, comme demeure introuvable l'ancien président irakien Saddam Hussein. Ce qui, en revanche, est certain c'est que la guérilla irakienne a réussi à établir l'insécurité dans le pays par la série d'attaques contre des objectifs économiques (oléoducs et réseaux électriques) institutionnels (les commissariats de police) et, pour la première fois, depuis la chute du régime baassiste, l'attaque hier d'un avion cargo civil, de la société allemande de courrier DHL, touché par un missile et contraint à un atterrissage d'urgence à l'aéroport de Bagdad. Toute cette active de la guérilla, tout en aggravant l'insécurité en Irak, dément les propos rassurants des officiels américains.