L'homme aux quatre titres olympiques du sprint n'a pas aimé les déclarations de l'Américain sur la probité des sportifs jamaïcains. Il a dit jeudi avoir «perdu tout respect» pour la légende américaine Carl Lewis, étant très agacé par les insinuations de ce dernier sur la probité sportive des Jamaïcains. Après avoir fait part de son admiration pour l'Américain Jesse Owens, le quadruple champion olympique des Jeux de 1936, Bolt a pris un ton sérieux lors de sa longue conférence de presse qui a suivi sa nouvelle victoire dans le 200 mètres: «Je vais dire quelque chose de controversé maintenant. Carl Lewis, j'ai perdu tout respect pour lui, tout respect. C'est à propos des trucs sur le dopage. Qu'un athlète dise des choses comme cela sur d'autres, cela me met vraiment en colère», a expliqué le double médaillé d'or 2008 et 2012 du sprint. «Je pense qu'il veut juste attirer l'attention sur lui, parce que personne ne parle plus de lui», a estimé le Jamaïcain. Dans une récente interview au magazine Sport Illustrated, Carl Lewis a laissé entendre que la Jamaïque aurait intérêt à renforcer sa politique antidopage et qu'il y avait de quoi «s'interroger sur des sprinteurs qui réalisent 10 s 03 une année et 9 s 69 la suivante». Avec le quatrième titre qu'il a décroché jeudi soir sur la piste londonienne, Bolt a dépassé Lewis en tant qu'athlète le plus titré aux JO sur les épreuves individuelles de sprint. Par ailleurs, Usain Bolt est le premier athlète de l'histoire à doubler 100 et 200 m lors deux JO consécutifs. Le doigt sur la bouche en franchissant la ligne d'arrivée, Usain Bolt jette un dernier regard vers Yohan Blake. L'élève repassera. Le maître planétaire du sprint devient un peu plus une légende, celle qu'il s'efforce d'écrire, exploit après exploit. «C'est pour montrer au monde que je suis une légende que je suis venu ici», confirme-t-il à l'issue de la course. Même sans record du monde à la clé (19''32, deux centièmes de plus qu'à Pékin) mais un temps canon tout de même. Le spectacle, toujours le spectacle. Sa manière à lui de prendre la mesure de sa démesure. «Il n'y a plus de doute: je suis le plus grand, je suis le plus fort», clame le Jamaïquain. A cet instant précis, l'homme le plus rapide au monde est surtout le premier être (sur)humain à réussir le doublé 100m-200 m sur deux rendez-vous olympiques. Yohan Blake, deuxième (19''44) comme dimanche soir sur 100 m, peut lui tomber dans les bras. L'arrivée du jeune Warren Weir, troisième (19''84, record personnel) juste devant l'Américain Spearmon, complète le triomphe de la Jamaïque. Bolt a t-il seulement eu peur? A son habitude, le phénomène est apparu très décontracté avant le coup de pistolet. Casquette à l'envers lors du dernier échauffement, il a plaisanté avec le caddie chargé de récupérer ses affaires au couloir 7. Bolt a ensuite fait signe à la foule qu'il a lui-même électrisée de se calmer un peu. Dès la sortie du virage, tout le monde a compris que la foudre s'abattrait sur Londres comme elle avait touché Pékin en 2008. Le roi Usain a juste dû gérer le retour de Blake dans la dernière ligne droite. Après les demi-finales, il avait prévenu son petit frère d'entraînement: «Aucune chance que tu me battes». Le duel s'annonçait pourtant plus indécis depuis que Blake avait marqué les esprits en signant la deuxième meilleure performance de l'histoire (19''26) au meeting de Bruxelles en fin de saison dernière. Hier soir, tout est rentré dans l'ordre.