«L'acceptation d'autrui et le respect de la différence, constituent le socle de la croyance musulmane». Présenté comme un antidote contre l'intégrisme religieux, qui a fait dévier l'Islam, religion de tolérance et de fraternité, de la droiture, le soufisme revient sur la scène nationale, après une très longue interdiction coloniale et une politique arbitraire post-Indépendance. Intervenant lors d'une conférence de presse, la soirée de jeudi dernier à la librairie El Emir Abdelkader, (place Emir Abdelkader) à Alger-Centre, Louisa Galeze, chercheur au Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), a livré les grands axes référentiels du soufisme ancestral. «Le soufiste est celui qui aime Dieu et se consacre au rapprochement de sa relation avec Dieu», avant d'ajouter que «c'est celui qui renonce à l'égoïsme matériel et la convoitise des postes de responsabilité et du pouvoir, a fait» savoir Mme Galeze, dans un esprit purifié et purifiant. Le soufisme n'a pas changé depuis. Mais ce sont les sociétés qui changent au fur et à mesure de l'arrivée des nouvelles générations, selon la conférencière. Classée comme la première et la plus authentique des théories religieuses connues dans le monde, le soufisme a été interdit en Algérie durant la colonisation, et cela pour limiter l'action des zaouïas qui ont soutenu la révolution à l'époque. Mais en 1986, une décision officielle a été prise afin de réhabiliter le soufisme et contrer ainsi, l'idéologie extrémiste de l'islam politique. Depuis le début des années 2000, l'Etat à déboursé des sommes importantes, pour réhabiliter les zaouïas telles la tarika érrahmania, dont le fondateur n'est autre que cheikh Belhadad, maître spirituel de l'insurrection du 8 avril 1871 avec El Mokrani en Kabylie; El Kadiria de l'intérieur du pays, la Tidjania de l'Est, El Alaouiya de l'Ouest qui sont les plus répandues en Algérie. En fait, ces valeurs culturelles et religieuses appartenant aux Algériens, devront participer à l'identité et à la pratique religieuse du peuple, au lieu d'importer des traditions étrangères aux dépens de ce patrimoine légué par nos ancêtres. Si nécessaire, développer les éléments positifs, et abandonner les choses négatives, au lieu d'importer ou de laisser la doctrine du salafisme extrémiste, du baâthisme et du wahhabisme obscur qui ont réduit la valeur de l'homme. En son époque saint Augustin confirmait que «le plus important dans la relation humaine avec Dieu, est dans le fait de la ressentir au lieu de la penser», a-t-on expliqué. Les soufis peuvent avoir des divergences dans tous les domaines religieux ou scientifique sans être suivies de haine ou de violence. «Mais le dhikr «psalmodier le Coran», fait l'unanimité de tous les soufis», souligne Mme GalEze Tenant compte de leur importance en tant que patrimoine ancestral, les intervenants ont avancé l'idée selon laquelle la réhabilitation des zaouïas est une démarche nécessaire pour faire face à l'islam politique.