Afin de lui venir en aide, le gouvernement a décidé d'exonérer les droits de douane et de la TVA pour les intrants et les produits finis de la filière avicole. Les aviculteurs ne pourront plus trouver d'excuses. En décidant d'exonérer les droits de douane et de la TVA pour les intrants et les produits finis de la filière avicole, le gouvernement a voulu, avant tout, rassurer les producteurs qui ont très mal vécu la flambée subite des prix du maïs et du soja sur le marché international. Lors de la dernière réunion qu'ils avaient tenue au siège du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, les aviculteurs avaient fait part de leurs préoccupations au premier responsable du secteur, en demandant une suppression de la TVA, et toutes les taxes qui frappent les produits touchés par les hausses sur le marché afin, avaient-ils dit, de stabiliser le prix du poulet. Maintenant que cette décision a été prise, est-ce que le prix des viandes blanches va baisser, à court terme, sur le marché? Rien n'est moins sûr, car le gouvernement a, déjà, pris des mesures analogues par le passé, sans pour autant arriver à stopper la vertigineuse hausse du prix du poulet, particulièrement, à l'occasion des fêtes religieuses. Juste à la veille du mois de Ramadhan, l'Algérie a importé d'importantes quantités de poulets congelés pour tenter de freiner cette flambée, mais le prix du poulet a continué sa montée, atteignant 400 dinars le kg en juillet dernier. Alors que les autorités l'avaient annoncé à cor et à cri, le poulet congelé n'est pas visible partout, et ceux qui ont eu la chance de le trouver, l'ont payé cher, en tout cas nettement plus que les 250 dinars qui avaient été fixés. Intervenant devant le Conseil interprofessionnel de la filière avicole qu'il avait réuni, jeudi dernier, Rachid Benaïssa a déclaré que «la communauté nationale à travers les pouvoirs publics, a pris une série de mesures pour sauvegarder la filière, à savoir l'exonération des droits de douane et de la TVA pour le maïs, le soja et les autres aliments du bétail, ainsi que les produits finis pour la période allant du 1er septembre 2012 au 1er août 2013». En contrepartie, les professionnels s'engagent, à assurer un approvisionnement satisfaisant du marché, autrement dit, à maintenir le prix du poulet autour de 250 dinars le kg jusqu'à cette date. Selon le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, «cette décision permet d'alléger l'effet de l'augmentation du coût de la production sur les prix des produits agricoles, notamment, le poulet, en les stabilisant, en premier temps, avant de les pousser progressivement vers la baisse.» Se voulant plus rassurant, Rachid Benaïssa n'exclut pas la possibilité de prolonger ce délai si les objectifs sont atteints et les résultats satisfaisants. Cette mesure qui intéresse, au premier chef, les importateurs et producteurs de matières premières, est tributaire, donc des résultats qu'ils réaliseront. Il ne faut pas l'oublier, la filière est gangrenée par les parasites et les profiteurs de tous bords qui ont fait main basse sur le marché, en faisant monter, à leur guise, les cours du prix du poulet. Tout comme le gaspillage des aliments du bétail qui se répercute sur le prix de revient des viandes blanches. Selon certaines estimations, les aviculteurs algériens utilisent, actuellement, 3,5 kg d'aliments, contre 2 kg environ pour les pays développés. Même en Tunisie et au Maroc, on utilise moins d'aliments, ce qui explique pourquoi le prix du poulet est deux fois plus cher chez nous que dans ces deux pays. La modernisation des bâtiments et l'amélioration des conditions d'élevage sont, elles aussi, souhaitées pour dynamiser la filière et la développer. Enfin, les aviculteurs se sont engagés de s'unir «pour agir en synergie pour la création de Groupements d'intérêt communs (CIG), nécessaires pour la durabilité de la filière». Selon le ministre, une cinquantaine suffit pour réguler le marché des produits agricoles.