Le secteur du médicament représente un marché juteux en pleine expansion L'enveloppe financière des produits pharmaceutiques importés est en hausse de 29,41% pour les sept premiers mois de l'année 2012. Elle s'élève à 1,35 milliard de dollars. A ce rythme, l'addition sera salée. La facture de l'importation des médicaments devrait dépasser les 2 milliards de dollars d'ici la fin de l'année. Soit un record en la matière. Si l'on excepte les revenus générés grâce aux exportations pétrolières ceux engrangés par les exportations hors hydrocarbures ne suffiraient même pas à couvrir la facture de l'importation des médicaments. De quoi avoir des sueurs froides. Cela permet encore une fois de mesurer à quel point l'économie nationale est étroitement dépendante et chevillée à ses exportations en hydrocarbures qui représentent pas moins de 98% de ses recettes en devises. Comme il est permis de se rendre compte combien la situation est fragile. L'Algérie fait face à une facture des importations qui se situe désormais, depuis 2011, au-dessus des 45 milliards de dollars. A des dépenses de fonctionnement dont l'équilibre budgétaire ne peut être garanti qu'avec des cours de pétrole d'un niveau élevé. Le Fonds monétaire international et la Banque d'Algérie avaient tour à tour pointé du doigt la politique budgétaire expansionniste de ces dernières années du gouvernement algérien. C'est dorénavant d'un baril de pétrole à 112 dollars dont l'Algérie a besoin pour assurer son équilibre budgétaire et faire face à la facture de ses importations, estiment la majorité des experts. En ce sens, le secteur du médicament, qui représente un marché juteux en pleine expansion, lequel de surcroît fait la part belle à l'importation, a besoin d'être assaini. «La taille du marché national des médicaments a atteint 2,9 milliards de dollars en 2011, dont 1,85 milliard USD d'importation et 1,05 milliard USD de production locale, dont 84% reviennent au secteur privé et 16% au public», indiquent des statistiques de l'Unop (Union nationale des opérateurs de la pharmacie) citées par l'APS. Le marché du médicament en Algérie a connu une importante dynamique ces dernières années puisque la production, l'importation et le conditionnement de ces produits vitaux sont passés de 900 millions d'euros en 2004 à plus de 1,4 milliard d'euros en 2008 et à plus de 1,8 milliard d'euros en 2011, confirme de son côté un rapport du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. «La facture de l'Algérie en produits pharmaceutiques importés a maintenu sa tendance haussière durant les sept premiers mois 2012 pour atteindre 1,35 milliard de dollars (mds USD), contre 1,04 md USD à la même période 2011, en hausse de 29,41%» a souligné, le 24 août 2012, un communiqué des services des Douanes algériennes. Quant aux quantités de médicaments importées, elles «ont également connu cette tendance haussière avec une augmentation de près de 48%, passant de 13.347 tonnes les sept premiers mois 2011 à 19.753 tonnes à la même période de référence 2012», précise le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis). Une situation somme toute paradoxale vu la pénurie de certains médicament et l'indisponibilité de produits pharmaceutiques qui concernent les maladies chroniques (cancers, asthme, diabète...). Le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, qui a promis d'«assainir le marché des médicaments des importateurs qui ne respectent pas les délais d'importation et compromettent la vie des malades», a du pain sur la planche...En somme, le paradoxe réside dans le fait que malgré la décision de ne pas importer les médicaments produits localement, la facture d'importation connaît une hausse considérable. Et on parle de pénurie...