La bande d'artistes du collectif Un workshop de vidéo a été initié du 2 au 5 septembre par les animateurs de ce lieu interactif et convivial appelé Box 24, composé d'un collectif d'artistes diplômés des Beaux-Arts. Un lieu où les artistes forment d'abord une bande d'amis, curieux, rieurs arborant des fins regards malicieux pour vouloir apprendre toujours plus et améliorer leur savoir-faire dans le domaine artistique mais non sans une pointe d'humour et de légèreté. Le ton était donc donné la semaine dernière au 5e étage d'un immeuble au niveau du Télémly. Si ça rigolait pas mal, la rigueur de la jeune professeure était sans conteste. L'objectif du Workshop vidéo making était «de développer une réflexion collective afin d'aboutir à des projets vidéo personnels ne dépassant pas les 3 mn. Le Workshop était destiné à des personnes ayant une idée de départ, disposant d'images (photos ou vidéos) et de sons qui serviront de matière première. Les participants devaient être munis de leur propre ordinateur pour pouvoir travailler en temps réel pendant le workshop.» Dans la bonhomie, patiemment, les quatre participants ont tous fignolé leurs travaux comme des fourmis, grâce à la grande Assila Cherfi qui nous fera remarquer que le but de ce workshop était de donner les bases du montage vidéo et la narration par les sons et l'image aux personnes qui se sont inscrites. Pour peu, en effet, que votre désir d'apprendre est grand et votre passion de l'art est sincère! Notons que Assila Cherfi est diplômée en Design graphique à l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger et en Cinéma et Vidéo / New Media Art Design à l'Académie des beaux-arts de Brera (Milan). Elle poursuit actuellement une recherche doctorale en New Media Art à l'Université Cà Foscari de Venise. Elle a participé à plusieurs workshops et résidences artistiques, la plus récente au sein de la Dena Foundation for Contemporary art (Paris). Elle a été membre du jury jeune du Festival FilmMaker de Milan. Ses dernières oeuvres ont été présentées lors d'événements dédiés à la vidéo et au nouveau cinéma, notamment au Docva (centre de documentation pour les arts visuels, Milan), le Beirut Art Center (Liban), Les Rencontres Internationales de Paris/Madrid/Berlin. Ses travaux sont enfin, basés sur la conception de dispositifs qui utilisent des assemblages d'images, de sons et d'idées qui créent un pont entre les images et l'imaginaire. Pourquoi cette initiative?, nous sommes-nous interrogé. «A la base, c'était l'idée de quelques diplômés des Beaux-Arts de se réunir autour d'une philosophie ou un trip pour faire quelque chose, produire chacun dans son domaine. Au début, on s'est engagés dans tout ce qui est action collective. Parce qu'on n'avait pas d'espace. On s'est installés ici en 2009», nous indiquera Walid Aïdoud, un des membres fondateurs du Box 24. Et d'ajouter: «On a commencé à réfléchir à des actions qui nous regroupent et qui nous donnent au moins une occasion de nous exprimer. Une autonomie surtout loin des circuits officiels. Car on constate bien ce qui se passe autour de nous; dans la vie culturelle il y a deux grandes voies devant nous. Une qui dit, l'Etat ne nous a rien donné, il n'y a rien, tout est foutu, on ne peut pas faire ça et il y a ceux qui travaillent à leur rythme qui essayent de faire des choses et sont taxés d'être pro-Etat. On ne voulait pas être dans cette catégorie. On imagine que l'art est une action autonome. C'est une discipline autonome et l'artiste doit être surtout autonome. Donc, on fait des actions à notre niveau. On n'a pas la prétention d'être un grand espace de diffusion. Vraiment on fait des choses avec plaisir. Et il y eut quelques actions. La première c'était une action spontanée pour marquer l'ouverture du box, une soirée performance avec des artistes et un musicien. Après débats et discussions entre nous, on a décidé quand même de faire quelque chose dans ce sens où il était important de produire. L'on a pu se réunir par la suite autour de travaux, lors d'une rencontre internationale des arts au Sahara occidental, une belle occasion, le contexte était favorable pour investir ce champ d'activités. A l'occasion du Cinquantenaire, on a monté «cinqentiw» jeu de mots de l'argot, qui veut dire «on existe» qui allie «cinquante» et «ncomptiw». Puis il y a eu l'expo de Mehdi Jellil et maintenant ce workshop d'art vidéo.» Pourquoi le nom de Box 24? «C'est simple, cela renvoie quand on était étudiants aux Beaux-Arts, un clin d'oeil à l'époque où on occupait un espace, un box et une petite salle au numéro 24. C'est là-bas que l'on organisait les fêtes de fin d'année, les expos, les actions donc en sortant de l'école, on s'est regroupés... Quand on préparait nos projets artistiques pour les diplômes de fin d'études, on a dû passer presque 40 jours, voire deux mois dans un de ces box. C'est resté. En sortant, on a baptisé l'espace comme ça.». Parlons maintenant du «workshop Vidéo making», il s'agit pour notre jeune artiste de «récupérer une ancienne des Beaux-Arts et de profiter de son savoir nouvellement acquis car, tient-il à souligner, «elle a eu l'occasion de poursuivre ses études en Italie dans un domaine très évolué, contemporain, qui est le son et l'image, la vidéo. Ici, on a besoin de cette maîtrise, c'est important. On a jugé utile d'en faire profiter certains de cette expérience et surtout du bagage de Assila Cherfi. C'est le deuxième workshop après celui de Mourad Krinah sur l'image, on voulait créer une tradition dans cet esprit, c'est-à-dire créer des espaces et ouvrir des ateliers comme ça... C'est une manière d'ouvrir le groupe mais aussi avoir un plus dans celui-ci, acquérir des notions et des approches différentes, échanger et surtout partager. Ça manque ici. C'est très important qu'il y ait ce genre d'action au lieu de faire une expo, accrocher, ramener des invités, visiter et après rien. Par contre, un workshop, c'est utile et ses travaux restent. Quelque part, les participants vont acquérir de nouveaux savoirs et c'est un début. Peut-être que quelqu'un va s'y intéresser encore plus et en faire son domaine de travail plus tard...». Pour l'artiste plasticien Karim Sergoua, de visite chez ses amis au Box 24, il en faudrait des dizaines comme cet espace. «Surtout en Algérie, il y a une forte demande pour ce genre d'espace interactif. Celui-ci est un espace underground de jeunes créateurs. Ils ont fait appel à Assila car dans l'art actuel c'est d'un apport certain. Il y a plein de gens qui utilisent la vidéo par réflexe. Le souci est de ramener des professionnels aussi comme elle. C'est très important. Il faut que ça continue.»