Initiative - Le constat que l'on peut d'emblée faire concernant la musique en Algérie est que celle-ci se cantonne dans des expressions usuelles ou folkloriques, parfois cependant stéréotypées. Très peu effectivement de recherche en la matière, si ce ne sont des tentatives, voire des initiatives menées par des jeunes versés dans la création. Des formations associent aux sonorités traditionnelles – celles qui sont puisées dans le répertoire ou le patrimoine populaire – des sons modernes. Ce sont des fusions. L'on parle aussitôt de musique actuelle. La musique algérienne revêt alors une intonation moderne, adaptée à la sensibilité d'un public jeune et exigeant. Il se trouve toutefois que la musique électronique, voire expérimentale est quasi inexistante – il y a cependant des énergies avec des formations telles que AKH et D de la ville d'Alger et Ne Pa Los de Blida. D'où d'ailleurs la création de «Pulsation Sonore», ce collectif regroupant en son sein de jeunes passionnés de musique authentiquement contemporaine et précisément expérimentale. Ce collectif pour qui «l'art n'a ni forme ni lieux privilégiés mais s'étend à la vie elle-même», se définit comme «l'héritier de l'avant-garde dadaïste» et se considère comme «inséparable d'un esprit expérimental et contemporain». «Pulsation Sonore, explique-t-il, doit être avant tout compris comme un véritable projet d'action culturelle intégré, un espace de rencontre, de communication, de recherche où l'art et la créativité prennent tout leur sens en racontant la communion d'une jeunesse hétéroclite et curieuse, gravitant autour des pratiques artistique actuelles.» Pulsation sonore se veut avant tout «un pôle et un pont de découverte, de rencontre et de formation autour de la culture des musiques électroniques et expérimentales», et c'est dans cet état d'esprit que le collectif initie depuis mardi et ce, jusqu'à samedi un cycle d'activités couvrant de nombreux champs d'expression, allant de la musique à la performance et en passant par l'art vidéo. Cette première édition qui investit divers espaces (Musées des beaux-arts et la filmathèque Mohamed-Zinet) prévoit dans son programme des workshops qui ont été animés les mardi et mercredi au Musée des beaux-arts par les Belges C-drik Fermont et Cedric Stevens versés dans la musique électronique, donc expérimentale. Ces ateliers consistaient à initier les jeunes aux diverses techniques de la musique contemporaine. La deuxième pulsation, c'est-à-dire le deuxième volet du programme prévoit, ce soir, à la filmathèque Mohamed-Zinet (Riad el-Feth) une projection de films expérimentaux provenant du monde arabe. Demain – vendredi – une soirée musique improvisée et expérimentale est programmée au même endroit. Enfin, le dernier rendez-vous de ces pulsations est prévu pour samedi. Le public est convié à assister à une lecture, une présentation et une discussion sur les musiques expérimentales en Afrique et en Asie animé par C-drik Fermont. Le collectif «Pulsation Sonore» veut alors enrichir et diversifier le paysage musical algérien en en faisant une scène s'ouvrant de plus en plus sur la contemporanéité. Car, tout comme les autres genres musicaux, la musique expérimentale est une forme d'expression artistique à part entière. «C'est une musique ancienne dans les autres pays. Au Liban, au Maroc et en Tunisie, il y a des festivals de musique électronique, mais en Algérie ce n'est pas le cas. J'ai pourtant rencontré de nombreuses personnes et surtout des jeunes très attirés par l'électro», a indiqué le collectif. «Notre objectif est de faire de cet événement une manifestation annuelle. L'on espère en effet que ces rencontres deviendront, au fil des prochaines éditions, un rendez-vous incontournable pour tous les amateurs et artistes confirmés ou en devenir», explique-t-il, et de conclure : «A travers ce rendez-vous se dessine un panorama de la nouvelle scène musicale, où artistes locaux et étrangers se côtoient en toute homogénéité.»