Le marché automobile algérien est loin d'être aussi regardant sur les normes auxquelles doivent obéir les modèles appelés à circuler sur les routes d'Algérie Selon le directeur général de l'Enacta, 15 agences de contrôle technique ont été suspendues au premier trimestre 2012 en raison du manquement aux règles professionnelles. Combien d'accidents ont été occasionnés par des défaillances techniques, dues aussi bien à la complaisance des agences de contrôle technique automobile, qu'à la mauvaise qualité des pièces détachées? Le secteur automobile est un univers qui connaît des pratiques pas toujours orthodoxes. C'est du moins ce que s'accordent à dire bien des observateurs. Ainsi, les professionnels de l'automobile sont unanimes à relever des anomalies lors du processus d'homologation des véhicules devant être introduits sur le sol algérien. L'on affirme, en effet, que des ingénieurs des mines peuvent être aisément «manipulés» pour les besoins du business... En somme, le marché automobile algérien est loin d'être aussi regardant sur les normes auxquelles doivent obéir les modèles appelés à circuler sur les routes d'Algérie. Du coup, des véhicules non pourvus du minimum absolu d'équipements de sécurité bénéficient des faveurs des décideurs, au nom d'un marché qui ne reconnaît même plus le sacro-saint principe d'exclusivité. Puisque des marques, notamment chinoises, peuvent être commercialisées concomitamment par deux concessionnaires sinon davantage sur le territoire national. Ce sont donc là autant d'observations que relèvent les spécialistes qui ajoutent que le consommateur, et donc l'automobiliste algérien, est souvent livré à lui-même en matière de service après- vente et de maintenance. Ce tableau descriptif s'applique aussi bien aux touristiques qu'aux poids lourds. Il renseigne amplement que les quatre roues souffrent de bizarreries, à la source même, c'est-à-dire avant même de connaître l'étape du contrôle technique automobile que la loi impose depuis l'année 2003. Toutefois, le contrôle technique n'a, hélas, pas échappé à la mainmise de l'argent et donc à une forme de corruption. D'ailleurs, l'Enacta, l'Etablissement national de contrôle technique automobile, a eu à rappeler à l'ordre nombre d'agences, voire à prendre de sévères sanctions contre les unités ayant été soupçonnées d'avoir baigné dans ce genre de trafic meurtrier. Selon le directeur général de l'Enacta, 15 agences de contrôle technique ont été suspendues au premier trimestre 2012 en raison du manquement aux règles professionnelles, ainsi que 2 à titre temporaire et la distribution de 9 avertissements pour autant d'agences qui se sont rendues coupables d'erreurs, notamment au niveau du système de gestion. Une année auparavant, 13 agences ont été fermées et 58 contrôleurs techniques radiés. Ces faits illustrent éloquemment le danger de limmixtion du «facteur humain» dans un protocole hautement technique. L'Enacta a finalement opté pour la mise en oeuvre d'un nouveau système informatique capable de mettre fin à l'implication humaine dans le traitement du contrôle technique automobile et éviter toute manipulation des résultats. Autant de mesures censées mettre fin aux dépassements et aux contrôles de complaisance létaux, avec à la clé un durcissement du cahier des charges des transports publics pour diminuer le nombre de victimes sur les routes. En adoptant pareilles dispositions, les autorités compétentes ont particulièrement dans le collimateur les transporteurs. Selon le directeur de l'Enacta, M.Abdellah Leghrieb, son établissement continue à mettre la pression sur les véhicules lourds qui sont souvent à l'origine des accidents de la circulation. A en croire le même responsable, l'Enacta envisage, en collaboration avec le ministère des Transports, d'équiper les véhicules de transport routier d'un chronotachygraphe. Il s'agit d'un appareil électronique enregistreur de vitesse et de temps de conduite et de repos du chauffeur routier qui représente un moyen de contrôle et de dissuasion efficace et dont le texte d'application est «fin prêt». «Il va être soumis prochainement au gouvernement» précise M.Leghrieb. Ces réajustements sont dictés par la recrudescence du phénomène des accidents de la route, qui avait pourtant connu une accalmie en 2010.