Le Premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar, Cheikh Hamad bin Jassem al-Thani, a effectué hier une courte visite dans la capitale algérienne. Le Premier ministre du Qatar, ministre des Affaires étrangères, Cheikh Hamad bin Jassem bin Jaber al-Thani, est arrivé hier à Alger, pour une visite de quelques heures. A son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediène, il a été accueilli par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en présence du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Cette visite soulevait en effet moult interrogations dans les milieux politiques, et prête à des interprétations. Une visite qui intervient dans un contexte régional et international, des plus complexes. D'aucuns se demandent si cette visite a un caractère bilatéral ou est motivée plutôt par la situation en Syrie. Le Qatar, petit pays du Machrek, mais immensément riche, se déploie tous azimuts depuis l'avènement de ce que les analystes qualifient de «printemps arabe». En fait, le Qatar s'est fait le héraut des «changements» dans le Monde arabe. Ses dollars lui ont jusqu'ici permis de se mettre à la table des «grandes puissances» pour lesquelles il assure les sous-traitances et joue au premier «soldat». Ainsi, outre les consultations ayant pour thème le dossier syrien, il est probable que les deux parties aborderont des questions bilatérales. A commencer par le dossier de Nedjma mis ces derniers jours sur le tapis par l'annonce de l'entreprise Qatar télécom (Qtel) de son intention de racheter la totalité du capital de Watanya Télécom (WTA). Ainsi, le groupe Qatar Telecom, qui détient 51% des actions de Wataniya Telecom et de 80% des actions de Nedjma, a annoncé son intention de racheter les actions détenues par le koweïtien, Kipco. Il s'agit donc pour Qtel de s'approprier à 100% Nedjma. Les Algériens, qui se souviennent encore du scénario du dossier de l'opérateur Djezzy, s'inquiètent d'ores et déjà. Et, ils font savoir que l'Algérie pourrait faire valoir son droit de préemption pour racheter Nedjma, au cas où il y ait vente de la totalité des actions de l'opérateur Nedjma. Outre ce dossier, il y a également d'autres questions d'ordre politique dans lesquelles le Qatar est impliqué. En Libye, en Syrie, et à un degré moindre au Sahel, le Qatar s'est engagé tant dans le fond que dans la forme. Et gare aux mauvaises langues qui oseraient en souffler mot. Qui ne se rappelle pas de la campagne d'intox et de désinformation menée justement par ce petit pays du Mechrek contre l'Algérie au sujet de l'intervention de l'Otan contre la Libye? L'Algérie a été même accusée d'avoir prêté main-forte au régime de Mouamar El Gueddafi. Le Qatar, traité de pays frère, est allé même jusqu'à désigner l'Algérie comme étant un pays roulant a contrario des volontés exprimées par les rues arabes. Les positions de principe de l'Algérie optant pour un règlement des crises politiquement et dans un cadre négocié lui ont coûté cher face aux ambitions interventionnistes de certaines puissances dont le Qatar qui se faisait passer pour la porte-voix. Ce même comportement arrogant a été manifesté et affiché par le Qatar contre l'Algérie au sujet de la crise syrienne; le Qatar étant l'un des fervents défenseurs d'une intervention militaire étrangère contre le régime de Bachar Al Assad. Il est patent que l'Algérie ne partage pas cette vision interventionniste que soutient l'Occident et les monarchies du Golfe, préconisant plutôt une rencontre élargie entre toutes les parties syriennes en conflit pour trouver entre elles une solution qui agrée le peuple syrien dont, à l'évidence, personne ne peut décider de son destin. Relevant d'autre part que le Qatar, selon des milieux diplomatiques et des médias internationaux, est soupçonné de financer les groupes terroristes au Sahel, notamment le Mujao, qui avait enlevé sept diplomates algériens, le 5 avril dernier. C'est dire que la visite à Alger du Premier ministre du Qatar et chef de la diplomatie de ce pays, Cheikh Hamad bin Jassim bin Jaber al-Thanin'a pas manqué de susciter de sérieuses interrogations.