Même si les contacts militaires entre la Chine et les Etats-Unis sont officiellement en voie d'amélioration, la visite de M. Panetta s'inscrit dans un contexte de défiance sino-américaine à bien des égards accrue. La nouvelle stratégie militaire de Washington, qui fait de l'Asie sa priorité, ne vise pas à endiguer le développement de la Chine, mais à «étendre son rôle», a assuré hier à Pékin le secrétaire américain à la Défense, Léon Panetta, face à un public d'officiers de l'Armée populaire de libération. «Notre rééquilibrage dans la région Asie-Pacifique n'est pas une tentative de contenir la Chine. C'est une tentative d'approfondir les relations avec la Chine et d'étendre son rôle dans le Pacifique», a déclaré le chef du Pentagone. «Il s'agit de forger un nouveau modèle dans la relation entre deux puissances du Pacifique», a-t-il ajouté dans un discours prononcé dans une académie militaire de la capitale chinoise. Ces commentaires destinés à rassurer Pékin interviennent dans un contexte de fortes tensions entre la Chine et le Japon, allié des Etats-Unis, au sujet d'un petit archipel de mer de Chine méridionale dont les deux rivaux asiatiques se disputent la propriété. Plus largement, même si les contacts militaires entre la Chine et les Etats-Unis sont officiellement en voie d'amélioration, la visite de M. Panetta s'inscrit dans un contexte de défiance sino-américaine à bien des égards accrue. En juin, le patron du Pentagone avait indiqué que l'US Navy allait repositionner ses forces dans une proportion d'environ 50%-50% actuellement entre le Pacifique et l'Atlantique vers un 60%-40% en faveur du Pacifique. Cette annonce avait été faite alors que les inquiétudes s'étaient multipliées dans la région Asie-Pacifique sur les ambitions croissantes de la Chine, qui renforce ses dépenses militaires et affirme de plus en plus ouvertement sa souveraineté maritime. Le secrétaire américain à la Défense a insisté sur le rôle que doivent jouer les Etats-Unis et la Chine, les deux premières économies de la planète, pour désamorcer les tensions régionales. «Notre objectif est d'assurer qu'aucune dispute ou mésentente puisse s'aggraver jusqu'à des tensions non souhaitées, voire à un conflit», a affirmé le patron du Pentagone. La presse officielle chinoise a ces dernières semaines reproché à Washington sa «partialité» dans les régions à l'ouest du Pacifique où plusieurs différends territoriaux non résolus provoquent des frictions récurrentes entre la Chine et ses voisins. L'administration Obama a notamment été accusée de tenter de cimenter l'alliance des pays de l'Asean (Sud-Est asiatique), afin que ceux-ci présentent un front commun plus solide face à la Chine, qui revendique une large souveraineté sur la Mer de Chine méridionale. Au sujet du petit archipel en mer de Chine orientale, appelé Senkaku par le Japon et Diaoyu par la Chine, Léon Panetta avait fait part à Tokyo de son «inquiétude» et appelé à une résolution diplomatique de cette dispute territoriale. Il avait averti que l'affaire pourrait déboucher sur un conflit, impliquant l'Armée populaire de libération - la plus grande du monde en effectifs -, tandis que Tokyo et Washington sont liés par un traité d'alliance incluant théoriquement ces îles controversées, qui sont sous le contrôle du Japon.