Le gouvernement est contraint de mettre de l'ordre et arrêter les abus administratifs dans la distribution des logements Il y a des personnes qui ont bénéficié deux, voire trois à quatre fois de l'aide publique au logement, a avoué, avant-hier, M.Tebboune. Ce n'est pas un opposant politique qui le dit. Ce n'est pas non plus un citoyen lésé dans son droit d'accéder à un logement social. C'est le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Abdelmadjid Tebboune, qui l'avoue. «Il y a des personnes qui ont bénéficié deux, voire trois à quatre fois de l'aide publique (au logement) et il est temps de mettre un terme à ces cas», a avoué, avant-hier, M.Tebboune, lors de la réunion du ministre de l'Intérieur avec les walis au Palais des nations à Alger. L'aveu ne souffre aucune ambiguïté. Le clientélisme, la corruption, le faux et usage de faux, le népotisme, le passe-droit ont donc prévalu dans la distribution des logements. La situation a empiré à tel point que chaque opération de distribution est suivie d'émeutes et de mouvements de protestation contestant la liste des bénéficiaires. Le gouvernement, qui a adopté la position de spectateur ces dernières années, est contraint aujourd'hui de mettre de l'ordre et arrêter les abus administratifs dans la distribution des logements qui fait qu'une personne bénéficie de quatre, voire plus de logements alors que d'autres personnes attendent leur tour depuis des dizaines d'années.«Il est temps de mettre un terme à ces cas», affirme le nouveau ministre. Alors, jusqu'où ira le gouvernement dans sa démarche? Va-t-il récupérer les logements des indus bénéficiaires et les mettre en prison si besoin est? Mais qui sont d'abord ces multi-bénéficiaires? En tout état de cause, le nouveau ministre de l'Habitat a annoncé une nouvelle stratégie visant à apporter une solution durable au «casse-tête» de la distribution de logements sociaux qui est en cours de préparation et sera bientôt mise en oeuvre. «Cette stratégie est axée autour de trois priorités: cerner la demande, assurer la sérénité à la population concernant la prise en charge de ses attentes en matière de logements et assurer un contrôle permanent par rapport à la distribution», a-t-il expliqué. Le fichier national relancé Selon M.Tebboune, plusieurs actions sont inscrites dans le cadre de cette stratégie rendue nécessaire par, a-t-il encore avoué, «les dépassements récurrents ayant marqué toute opération de distribution de logements sociaux sur l'ensemble du territoire national et qui sont à l'origine de plusieurs contestations sociales». Parmi ces actions, l'établissement d'un fichier national du logement social permettant d'identifier les bénéficiaires de toute sorte d'aide publique au logement. L'idée a été déjà lancée il y a quelques année, mais certains cercles, selon toute vraisemblance, impliqués dans les dépassements, ont pesé de tout leur poids pour empêcher l'aboutissement d'une telle démarche. Ces cercles résisteront-ils encore de nouveau à l'établissement de ce fichier qui, s'il est établi, fera tomber bien des têtes? La volonté et le courage du gouvernement ainsi que le pouvoir de résistance de ces parties détermineront la réponse à cette question. Le ministre de l'Habitat a indiqué que les services communaux sur l'ensemble du pays ont été sollicités pour recenser tous les dispositifs publics d'aide à l'accès au logement durant les deux dernières décennies. Par ailleurs, M.Tebboune a indiqué qu'un quota national de plus de 100.000 logements sociaux est prêt à être livré ou à pré-affecter d'ici fin 2012. Sur cet ensemble, 50.000 habitations sont déjà achevées et en instance de distribution durant les trois prochains mois, alors que le reste est en cours de viabilisation (voirie et réseaux divers) ou achevés à plus de 60%. De même, de nouveaux programmes publics de logement social et rural sont envisagés pour aider à la fixation des populations rurales. Il s'agit de logements ruraux groupés à réaliser dans les espaces entourant les grandes agglomérations et qui servent de «premiers barrages face au phénomène de l'exode rural», explique le ministre, ajoutant que ce programme est en cours d'étude au niveau de son département.