Sa première conférence de presse avec l'Inter est encore dans toutes les mémoires. «Quand tu es arrivé à Milan, tu as dit que désormais, au-dessus de toi, il n'y avait que le ciel», lance un journaliste à Antonio qui le regarde, l'air interrogatif. Avec sa moue incomparable d'un gosse qui prépare sa connerie, le joueur, polo gris et gourmettes au poignet, lui répond, comme si c'était évident: «Beh, au-dessus du ciel, il y a l'Inter.» Rires dans la salle. Rires jaunes du côté de Milanello. Rires jaunes, surtout, pour Adriano Galliani, qui en prend pour son grade lors de cette même conf' explosive. «On s'est foutu de ma gueule à Milan. Pas les tifosi et mes coéquipiers, qui m'ont toujours soutenu même quand j'ai eu mon problème au coeur, mais quelqu'un au-dessus dont je ne citerai même pas le nom. Lui, il promettait, il promettait, il promettait, mais ce n'était que du vent.» Celui dont on ne cite pas le nom, c'est évident celui que Loulou Nicollin a surnommé Kojak. Un Galliani qui n'a pas tardé à répondre à son ancien poulain, avec qui la séparation a été douloureuse. «C'est la première fois qu'un joueur me dit ça. J'espère aussi que ce sera la dernière. Je ne lui ai rien promis. Promis quoi? De prolonger son contrat? Pourquoi aurais-je prolongé un contrat qui expirait en 2014?» Un peu plus d'un mois plus tard, donc, Cassano va pouvoir rendre ses comptes sur la pelouse. Et autant dire que Fantantonio s'est bien préparé pour l'occasion. De fait, depuis son arrivée à l'Inter, Cassano a retrouvé ses jambes. La saison dernière a été plus que compliquée, avec cet AVC, l'opération au coeur, la rééducation et le retour tardif sur les pelouses. Avec quatre buts et une passe décisive en championnat, il est tout simplement présent sur 50% des buts de l'Inter. Sa complémentarité avec Milito est évidente et a même relégué au second plan Wesley Sneijder, qui n'est résolument plus que l'ombre du formidable joueur admiré en 2010. En mai dernier, lors du derby milanais (remporté 4-2 par l'Inter), Cassano, alors au Milan AC, était venu voir Stramaccioni dans le tunnel de San Siro. «Strama? Bien, bien... Wesley m'a dit que tu étais un phénomène», lui aurait alors lancé le joueur. Rien à voir, forcément, avec Allegri qui, selon les dires de l'intéressé en question, ne considérait Cassano que «comme un 2 de pique». Massimo Moratti a été clair avec lui: pas d'écarts de conduite. Pour le moment, Anto' suit la ligne et semble tout de même s'être grandement calmé par rapport à ses périodes de folie à la Roma ou à la Sampdoria (on en reparle, de la scène où il finit le match en chialant, derrière les panneaux publicitaires, en menaçant l'arbitre?). En attendant, dimanche soir, Cassano portera bien le maillot nerazzurro de l'Inter et donnera tout pour fermer le clapet de celui dont il ne veut pas prononcer le nom. À l'inverse, lorsque l'on demande à Eugenio Fascetti, son coach du temps de Bari, qui sera décisif lors du derby, un seul et même nom est prononcé. «Avec un Cassano dans cette forme-là, l'Inter peut être l'élément perturbateur de la Serie A.» Voilà une définition qui conviendra parfaitement à Antonio.