Washington estime «prématuré» de reconnaître un gouvernement provisoire de l'opposition syrienne tant qu'elle ne sera pas «organisée», a affirmé hier dans un entretien au quotidien Le Monde le secrétaire d'Etat adjoint américain chargé de l'Europe, Philip Gordon. «François Hollande avait annoncé une reconnaissance d'un gouvernement provisoire. Nous avons des réserves sur cette proposition», déclare le responsable américain. Fin août, le président français avait annoncé qu'il reconnaîtrait un gouvernement provisoire syrien dès sa formation. «Nous ne pensons pas que l'opposition soit prête à former un gouvernement provisoire. Un jour, il faudra reconnaître un gouvernement ou une entité provisoire, mais c'est prématuré», ajoute M.Gordon. «L'opposition n'est pas encore suffisamment coordonnée et organisée», regrette le secrétaire d'Etat adjoint, soulignant qu'elle «ne peut pas être une opposition sunnite ou kurde ou chrétienne». «Toutes les forces de Syrie doivent être représentées», résume-t-il. Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, se réunit la semaine prochaine à Doha pour tenter à nouveau de s'élargir à d'autres groupes hostiles au régime de Damas. Le CNS refuse d'admettre dans ses rangs le Comité de coordination pour le changement national et démocratique (Cccnd), qui milite pour un changement de régime à Damas par des moyens pacifiques. Le CNS est régulièrement critiqué à l'intérieur de la Syrie et sur la scène internationale pour son incapacité à unifier l'opposition syrienne plus de 19 mois après le début du soulèvement contre le régime du président Bachar Al Assad.