L'Union européenne (UE) a salué lundi la création du Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité des courants de l'opposition au président syrien Bachar al-Assad et a enregistré un premier succès avec sa reconnaissance par les ex-rebelles libyens. Sur le terrain, les violences, qui avaient fait 31 morts dimanche, se sont poursuivies avec quatre civils tués lundi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni. A Tripoli, le Conseil national de transition (CNT) libyen, issu de la rébellion qui a renversé le colonel Kadhafi et désormais reconnu par la communauté internationale, est devenu la première entité à reconnaître une autorité au CNS. Le CNT «a décidé lors d'une réunion aujourd'hui de reconnaître le Conseil national comme seul gouvernement légitime en Syrie et a également décidé de fermer l'ambassade syrienne en Libye», a déclaré Moussa al-Koni, membre du CNT. Plus mesurée, l'UE a diffusé lundi un document, qui doit encore être approuvé au niveau ministériel, dans lequel elle «salue les efforts de la population syrienne pour établir une plateforme (de l'opposition) unie et appelle la communauté internationale à faire de même». Qualifiant la création du CNS de «pas positif», les Européens, qui s'apprêtent à renforcer les sanctions contre le régime de Damas, se félicitent de l'engagement du conseil à défendre la non-violence et les «valeurs démocratiques» et réaffirment la nécessité pour M. Assad de quitter le pouvoir. Auparavant, 90 représentants de l'opposition syrienne, dont des membres du CNS et son responsable provisoire Burhan Ghalioun, réunis ce week-end en Suède, ont quasi unanimement réclamé des observateurs internationaux en Syrie, selon le centre Olof Palme, organisateur de la réunion. Mais les participants se sont généralement déclarés opposés à une intervention militaire étrangère, contrairement au CNT libyen qui avait réclamé une intervention militaire internationale. Créé fin août à Istanbul et lancé officiellement le 2 octobre, le CNS réunit la majeure partie des courants politiques syriens opposés au régime de Damas. Il rassemble les Comités locaux de coordination (LCC) qui chapeautent les manifestations, les libéraux, la confrérie des Frères musulmans interdite de longue date en Syrie, ainsi que des partis kurdes et assyriens. Des opposants de l'intérieur de la Syrie, dont l'écrivain Michel Kilo, doivent se retrouver mardi à Paris, où une conférence de presse est prévue pour faire le point sur leur lutte contre le régime de M. Assad. A Moscou, le représentant du Kremlin pour les crises dans le monde arabe, Mikhaïl Marguelov, a reçu lundi une délégation conduite par un chef du parti communiste syrien, Qadri Jamil, que des opposants accusent d'être proches du régime. « Nous sommes prêts à organiser une table ronde pour que les représentants de l'opposition et du pouvoir puissent se mettre d'accord, à Moscou ou ailleurs», a déclaré M. Marguelov, dont le pays est un allié de longue date de Damas. La Russie s'est aussi dite prête à proposer au Conseil de sécurité de l'ONU, avec la Chine, un projet de résolution condamnant «les violences des deux côtés», un texte plus «équilibré» que celui auquel Moscou et Pékin ont opposé leur veto il y a une semaine. Sur le terrain, un civil est mort à Homs (centre) dans le pilonnage de son quartier et un membre du parti Baas au pouvoir en Syrie a été tué par des inconnus dans la région d'Idleb (nord-ouest). En outre, un homme a péri en tentant de passer en Turquie et un autre a été abattu à Saqba, une banlieue de Damas, par les forces de sécurité qui ont tiré pour empêcher la formation d'une manifestation d'étudiants, a rapporté l'OSDH. Selon l'ONU, les violences ont fait plus de 2.900 morts en Syrie depuis le début de la révolte à la mi-mars. «Le régime a choisi une voie coûteuse. Son message, je te gouverne ou je te tue, aura des conséquences dangereuses», a affirmé un avocat syrien des droits de l'Homme, sous couvert de l'anonymat. «Le peuple a fait sa révolution. Il lui faut appliquer maintenant le volet politique, qui est la chute du régime. Celle-ci est certaine», a-t-il ajouté.Le grand mufti de Syrie, cheikh Ahmad Badreddine Hassoun, plus haute autorité religieuse du pays, a menacé l'Europe, les Etats-Unis et Israël d'attentats suicide si la Syrie était attaquée. «Dès le premier obus tiré, les fils de la Syrie et du Liban deviendront des combattants qui mèneront des attentats suicide», a déclaré le mufti sunnite dans un discours dont un enregistrement vidéo est disponible sur YouTube.