Toute la classe politique et les intellectuels ont tenu à témoigner sur les valeurs humaines de l'homme. C'est un géant de l'humanisme et un grand militant de la cause nationale, l'infatigable Pierre Chaulet nous a quittés. Celui qui est né en pleine période coloniale, est décédé cinquante ans après l'Indépendance. Des personnalités politiques, historiens, membres de sa famille et ses proches ont assisté à la messe d'adieu dite hier, à la maison diocésaine sur les hauteurs d'Alger. L'ancien Premier ministre Réda Malek ainsi que Ali Haroun, ancien responsable de la Fédération de France du Front de libération nationale, l'ancien Premier ministre, Mouloud Hamrouche, Lakhdar Ibrahimi, Sid Ahmed Ghozali et d'autres personnalités sont venues se recueillir à la mémoire du défunt, pour lui rendre un ultime hommage. Du côté des officiels, on a remarqué la présence du ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, ainsi que le secrétaire général de l'ONM, Saïd Abadou. Conformément à sa volonté, l'office religieux devait être célébré par Mgr Henri Teissier, ancien archevêque d'Alger. En cette occasion, dans un climat de deuil et de recueillement, Réda Malek, Dr Benkhodja et son fils Luc ont témoigné sur le parcours et la vie du défunt. Chaulet a servi l'Algérie avec une abnégation inégalée. Le regretté, l'un des pionniers du combat contre la colonisation, a choisi de son propre chef son camp et le peuple auquel il appartient. Au début des années 1950, il participait déjà activement à des mouvements éducatifs confessionnels ou non. A partir de décembre 1954, il militait à Alger au sein du FLN. Né en Algérie en 1930, Pierre Chaulet a choisi la nationalité algérienne peu après l'Indépendance. Il a été l'un des pionniers de la médecine algérienne. Des dizaines de Français d'Algérie nés et ayant vécu en Algérie, qui ont fait de la prison et pris les armes contre l'occupant, ont choisi d'être Algériens à l'image de Pierre Chaulet et Henri Maillot, a rappelé l'historien Fouad Soufi. «Pierre Chaulet n'est ni Arabe ni musulman, mais peut-on le priver de son algérianité? Telle est la question qui se pose à notre société», dira-t-il encore. «Le moudjahid Chaulet est un grand homme qui avait l'Algérie dans le coeur. Il a fait beaucoup pour ce pays. Chaulet n'a jamais cessé de combattre pour l'Algérie», a témoigné Mme Zohra Drif- Bitat. Le cercueil du défunt, recouvert de l'emblème national, a quitté la maison diocésaine dans une ambiance émouvante, caractérisée par des youyous. La dépouille est suivie par une procession de femmes et d'hommes les yeux en larmes. D'autres militants moins connus sont morts dans l'anonymat. Les historiens ne répèteront jamais assez que la société algérienne fait face à un obstacle qui l'a freinée dans son évolution normale. Il s'agit de la préférence politique sur la base de la confession. Ce sujet est des plus controversés. N'est pleinement Algérien que celui qui est musulman. Cela bloque énormément la société dans sa formation et son évolution, selon l'historien Fouad Soufi.