Nombreux sont ceux qui se méfient de la déclaration du ministre de l'Intérieur. La promesse relative aux relogements des sinistrés de Boumerdès avant le 24 du mois en cours par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Nouredine Zerhouni, n'a pas suscité de réactions chaudes auprès des citoyens. Lors de notre virée à Boumerdès, de nombreux citoyens ont montré leur méfiance au sujet de la promesse de M.Zerhouni, et rares sont ceux qu'ils l'ont cru. «Nous n'avons pas besoin de promesses gratuites. On a demandé à tous ceux qui ont leurs bâtisses classées orange 3 et 4 de décamper des camps de toile et d'être relogés par leurs familles en attendant la réception des chalets pour que tout soit à la perfection le 24 décembre. C'est une action pour se débarrasser de nous. Pourquoi toute cette mise en scène?», clame un citoyen sous le couvert de l'anonymat. «Le jour où notre pays sortira de la crise, ça sera la fin du monde», a-t-il lâché désespérément. A. C., une étudiante que nous avons croisée en sortant du lycée, affectée par un double malheur, d'abord par le terrible séisme du 21 mai dernier qui a tout anéanti, et ensuite la grève qui a gangrené le secteur de l'éducation, l'air désappointé, le visage livide, a visiblement beaucoup appris de la vie. Ayant vécu près de 7 mois dans un camp de toile, supportant la canicule de l'été et se préparant aujourd'hui à l'ardeur de l'hiver, elle affiche son scepticisme quant à la déclaration faite récemment par le ministre de l'Intérieur relative au relogement des sinistrés. «Je ne suis pas sûre que tous les sinistrés de Boumerdès auront la chance de bénéficier d'un chalet, je ne crois pas tout ce que j'entends, j'ai besoin de voir du concret», a-t-elle déclaré. Kamar B., comédienne, un métier qu'exerçait notre interlocutrice depuis belle lurette mais qui, vraisemblablement, ne lui a pas apporté grand-chose, vit depuis plus de 35 ans à Boumerdès. Aujourd'hui, elle est sommée de quitter la tente avant 12h, elle et sa famille. «Comment voulez-vous que je ramène un acte d'achat, alors que je vis dans un bidonville? Ma mère souffre du diabète, nous n'avons pas le choix, où est-ce que nous allons partir?» Si les sinistrés de Boumerdès ont montré leur méfiance envers la décision prise par le ministre de l'Intérieur, d'autres affichent leur insouciance. C'est le cas de Redouane G., arbitre de football. Vraisemblablement très informé sur les nouvelles dispositions qu'entreprendra prochainement l'administration de Boumerdès, il nous fait savoir que 55 familles bénéficieront aujourd'hui, au plus tard demain, de chalets au niveau de Corso. Sans doute une façon pour lui de dire que tout marche comme sur des roulettes. «Je fais confiance au président Bouteflika, je sais qu'il tiendra ses promesses», a-t-il clamé Une jeune femme l'interrompt et lâche: «Je préfère rester sous le camp de toile que d'aller dans un chalet. Là-bas nous serons privés d'eau et d'électricité.» Soutenant la candidature du premier magistrat du pays à la prochaine présidentielle, un autre sinistré lâche «j'espère que Bouteflika briguera un second mandat».