«La perte de l'Algérie est vécue par la France comme une amputation.» La droite et l'extrême droite françaises ne cessent pas de se nourrir d'illusions, en exhumant la notion de l'Algérie-française. En effet, celles-ci se sont mises à crier haut et fort leurs intentions de torpiller les efforts de rapprochement entre Alger et Paris. Ainsi, depuis la déclaration de François Hollande sur les massacres du 17 octobre 1961, l'opposition de droite multiplie les critiques et les provocations pour briser les liens de rapprochement qui se construisent lentement en Alger et Paris. Ainsi dans la réaction la plus virulente est venue de Christian Estrosi, député maire de Nice (sud de la France). Le 20 octobre, à la fin d'un discours, ce proche parmi les proches de l'ancien président Nicolas Sarkozy lançait: «Vive l'Algérie française!». Interrogé, hier par la chaîne LCI, Estrosi assume et explique ses propos. «J'ai dénoncé l'attitude de M.Hollande, qui fait un vrai dérapage en laissant voter par le Sénat une proposition qui fait reconnaître le 19 mars 1962 comme fin des hostilités en Algérie». Ironie de l'histoire, Avant de féliciter «l'oeuvre civilisatrice» de la colonisation: «Je n'ai pas à faire de devoir de repentance à l'égard de l'oeuvre civilisatrice de la France avant 1962». «Le général de Gaulle a bien fait de suivre la voie qu'il a suivie après 1962», a-t-il précisé. Cependant, M.Estrosi a oublié la position de son général avant 1962, une position contraire aux fervents défenseurs de l'Algérie française avant de se mettre à table avec le FL N. Donc suivant la position du M.Estrosi c'est dire à l'évidence que la colonisation de la Gaule par César, durant 7 ans, avant de tuer à Rome Vercingétorix ayant conduit avec bravoure les Gaulois, qualifiés de sauvages et de primitifs, s'inscrit dans les missions civilisatrices de l'empire romain. Oui, la perte de l'Algérie est vécue et ressentie encore en France par certaines tendances politiques comme «une amputation». «Pour les Français, le nationalisme s'est construit à partir de l'Empire colonial, et la perte de l'Algérie est vécue par la France comme une «amputation» de son territoire national», a déclaré Benjamin Stora, un spécialiste de la guerre d'Algérie, à L'Expression, ajoutant: «Les rapports conflictuels entre Alger et Paris sont en rapport avec la question nationale». Tandis qu'une source autorisée auprès du ministre des affaires étrangères algérien a souligné que: «l'Algérie ne tombera pas dans les provocations construites sur de viles impostures, car les nostalgiques aigris auront beau déverser le fiel de leur révisionnisme, ils ne parviendront guère à réhabiliter la vocation prétendument «civilisatrice» du fait colonial qui est sordide par essence», a précisé notre source.