L'hypothèque Saddam Hussein est certes levée, mais en fait tout, ou presque tout, reste à faire en Irak. Il est patent que la capture de l'ex-président Saddam Hussein a détendu le climat international quelque peu crispé par la guerre feutrée que se livraient les Etats-Unis et les tenants d'un rôle primordial pour les Nations unies. L'accueil chaleureux réservé par la communauté internationale à l'annonce de la capture de l'ancien président irakien semble donner le ton aux relations futures entre les uns et les autres. De fait, Français et Allemands, les plus déterminés à faire respecter la légalité internationale, ont été aussi parmi les tout premiers à féliciter Washington de ce succès qui ouvre, il est vrai, de nouvelles perspectives pour l'Irak. Cette pause survient alors qu'il y avait l'amorce d'un début de polémique suite à l'annonce, faite la semaine dernière par le Pentagone, de l'éviction des appels pour la reconstruction de l'Irak - financée par les Etats-Unis - des sociétés françaises, allemandes, russes et canadiennes, tous pays qui ont émis des réserves sur la manière avec laquelle Washington avait géré la crise irakienne. L'arrestation de Saddam Hussein change toutefois la donne et, comme l'a déclaré le ministre français des Finances, Francis Mer, «il y a beaucoup d'efforts à faire, la collectivité internationale doit y participer, tous les Etats», admettant cependant que les Etats-Unis demeurent les maîtres à bord indiquant, à propos des contrats de reconstruction: «Les contrats sont actuellement octroyés par les Américains, et s'ils décident qu'ils sont réservés aux entreprises américaines, personne n'y peut rien, mais il est inimaginable que ceci puisse s'appliquer à l'action de reconstruction de l'Irak, car elle dépassera largement les moyens des Etats-Unis : tous le monde devra s'y mettre et à ce moment tout le monde y aura sa part.» Autant dire que l'euphorie créée par la capture du dictateur irakien ne fait pas perdre de vue le sens des affaires. D'autres personnes qui s'activent de leur côté, ce sont les Irakiens du Conseil transitoire de gouvernement qui militent pour un transfert rapide de souveraineté. Ils ont, dans ce contexte, l'intention de présenter un projet de résolution au Conseil de sécurité. Ce qu'a déclaré hier à la presse le ministre des Affaires étrangères du Conseil transitoire irakien, Hoshayr Zebari, en route pour New York, indiquant: «Je vais à New York dans le cadre de deux sessions du Conseil de sécurité, l'une ouverte, l'autre à huis clos, exposer notre projet de transition de la souveraineté au peuple irakien», affirmant: «En février prochain nous aurons une Constitution intérimaire et en octobre 2005 il y aura un référendum sur un projet de constitution et des élections générales en décembre 2005.» L'élimination définitive de Saddam Hussein, outre de changer la donne stratégique internationale, clarifie dans le même temps le champ politique irakien, ou sans doute, dans les prochains jours et semaines, il y aura une plus grande lisibilité de ce que font les uns et les autres. La seconde phase de la guerre d'Irak s'annonce donc aussi dure et incertaine, d'une part, du fait que la guérilla ne désarme pas et poursuit ses attentats suicide - comme celui de dimanche devant un commissariat occasionnant la mort de 18 personnes et en blessant 29 autres, et deux explosions hier, encore devant des commissariats, qui se sont soldées par la mort de deux personnes - d'autre part et, par le fait que s'annonce également une dure bataille pour l'hébergement du procès en perspective de Saddam Hussein. D'ores et déjà, le Conseil transitoire irakien s'est positionné en prenant les devants par la voix de son chef de la diplomatie, Hoshayr Zebari, qui déclarait hier sur les ondes de la radio BBC: «En tant qu'Irakiens, nous pensons que Saddam devrait être jugé par un tribunal irakien» Le procès de Saddam, le retour de l'ONU, la reconstruction, autant de dossiers qui font que le plus dur est encore à venir en Irak.