Le ministre français dresse ses priorités Les dossiers économiques, qui feront l'objet de décisions lors de la prochaine visite de Hollande à Alger, ont été évoqués par son ministre du Redressement productif. Le ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg, tient à ce que l'Algérie investisse dans son pays pour l'aider à sortir de la crise économique. C'est ce qu'il a proposé hier à l'issue de sa visite d'un jour à Alger lors d'un point de presse conjoint avec le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Chérif Rahmani. «L'Algérie dispose d'un excédent financier et les entreprises françaises ont des difficultés à être financées par les banques», a-t-il dit pour expliquer le bien-fondé de sa proposition. Il trouve que ce sera là un bon exemple d'un partenariat profitable aux deux parties. Et il compte bien explorer cette voie dans les détails à l'avenir. Il place ce partenariat dans le cadre de «partage des avantages» comme il appelle de ses voeux une intensification du mouvement des capitaux. En plus de la coopération financière, le ministre a abordé les thèmes sur lesquels la coopération avec l'Algérie sera axée en citant le secteur automobile. Il a alors annoncé que le projet d'une usine de fabrication de voitures en Algérie par le constructeur automobile français Renault «avance très bien». Les secteurs de l'énergie et des télécommunications sont d'autres domaines ciblés par le ministre. Il a d'ailleurs eu des entretiens avec les ministres de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Chérif Rahmani, et de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi ainsi que celui du ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi. Dans le secteur de l'Industrie, les deux pays comptent bien inscrire leurs relations dans la durée. Chérif Rahmani a annoncé que le poste de «monsieur industrie» est créé dans les deux ministères algériens et français. Le ministre français a également eu des entretiens avec d'autres responsables à l'instar du ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia et du Premier ministre Abdelmalek Sellal. A tous ses hôtes, il a répété que la France «souhaite ouvrir une nouvelle ère» dans ses relations avec l'Algérie. Devant la presse, il a mis l'accent sur le fait que les problèmes économiques des deux pays sont identiques. Il a cité la forte dépendance des deux pays aux hydrocarbures, l'un en tant qu'exportateur et le second en tant que consommateur, ce qui est un état de fait que tous deux tendent à changer. Les deux pays sont également «malmenés par la mondialisation» et sont en proie à la concurrence asiatique, a-t-il précisé. A cela s'ajoutent les problèmes de la jeunesse et de l'emploi. Selon l'analyse du ministre, ce sont là des constats assez graves pour susciter la collaboration entre les ensembles maghrébin et européen. La solution viendrait selon Montebourg dans la recherche de la réindustrialisation de l'Algérie et de la France. Suggestion qui a d'ailleurs suscité l'adhésion de Chérif Rahmani qui a parlé d'identification des filières à développer en plus d'un appel à la collaboration en matière de formation. Il cite des possibilités de conduire des actions dans ce sens avec l'Ecole française des mines. A la question de savoir si tous les projets en discussion trouveront leur début de concrétisation lors de la prochaine visite du président français, François Hollande en Algérie, prévue mi-décembre, Montebourg a dit qu'il espérait effectivement que cela puisse être le cas. Le ministre a évoqué la possibilité de conclure un «pacte de production» pour «produire ensemble en France et en Algérie» afin que les emplois ne soient pas localisés uniquement en Asie. Montebourg est néanmoins resté prudent dans ses déclarations. Il pense que les deux gouvernements doivent faire en sorte que les projets proposés soient «compréhensibles par les opinions publiques» aussi bien en Algérie qu'en France. Il lui est effectivement difficile d'appeler les entreprises françaises à investir en Algérie alors que son pays fait face à une crise de chômage. Quant au gouvernement algérien, il doit trouver des arguments pour justifier son éventuel consentement d'injecter de l'argent dans les entreprises françaises alors que le patronat ne cesse de faire des remontrances aux banques locales les accusant d'être peu généreuses. Mais Chérif Rahmani a tenu à donner des gages aux entrepreneurs locaux. Le gouvernement va se réunir bientôt pour prendre des mesures d'accompagnement des entreprises. En promettant qu'il n'y aura pas de discrimination entre les locaux et les étrangers. Veut-il dire par là qu'il assouplira la règle des 49/51?