Après avoir longtemps cru à la quiétude, cette ville s'est brutalement réveillée aux crépitements de balles. Dans la soirée de mardi à 21h, un garde communal, répondant au nom de Hocine Touati, a été assassiné au quartier Rambaud par des terroristes au nombre indéterminé. Leur crime accompli, les sanguinaires se sont repliés, apprend-on, vers le piémont de Mokhtari. Les forces de l'ordre alertées sont arrivées sur les lieux, mais n'ont pu que constater le corps de la victime baignant dans une mare de sang. Cet attentat relance la problématique sécuritaire dans une commune où les réminiscences du tristement célèbre émir Sayah Attia reviennent, dit-on, avec de nouveaux cavaliers de l'apocalypse. S'agit-il des treize nouvelles recrues du Gspc de Saouane ou bien du nouveau groupe dirigé par Houti en errance dans le maquis de Ouled Antar ? L'inquiétude de la population est d'autant plus vive car, depuis 1996, Ksar El-Boukhari n'a enregistré aucun acte terroriste hormis la dernière incursion du mois d'août opérée au quartier Zaouia par le groupuscule dirigé par un certain «Mehboul». Pour rappel, près de 200 personnes furent assassinées à Ksar El Boukhari entre 1992 et 1996. Selon les observateurs, plusieurs localités de la wilaya de Médéa ont connu, au cours de ces dernières semaines, des tentatives d'incursion organisées par des groupes armés. Mais il reste que les résultats de la lutte antiterroriste depuis 1992 sont éloquents. Il y a dix ans, quelque 1.000 activistes du parti dissous avaient pris le chemin du maquis. Ce phénomène allait être une cruelle mise à l'épreuve des populations et des capacités des forces de sécurité. En un éclair, la férocité des hordes sanguinaires drainées par le tristement célèbre Sayah Attia, adjoint de Abdelkader Chebouti, couvrit douars, villages et villes. Bilan: 2.680 personnes assassinées et des dégâts matériels estimés à 120 milliards de DA. En l'absence d'informations officielles sur la lutte antiterroriste, de grandes interrogations concernant la stratégie mise en place et ses résultats, amplifiaient la rumeur. Pourtant, les valeureux éléments de l'ANP, de la gendarmerie, de la police, des gardes communaux livraient une lutte implacable au prix d'un lourd tribut: 355 militaires, 52 policiers, 32 gendarmes, 107 gardes communaux tombèrent au champ d'honneur entre 1992 et 1997. Alors que les groupes terroristes continuaient à « sponsoriser » leurs odieux massacres à travers les médias, les résultats enregistrés par les forces de sécurité restaient «muets». Ce qui a causé autant de dégâts auprès des citoyens à la merci du seul fond sonore de l'horreur. Face à un terrorisme «non identifié», les ONG, organismes dits humanitaires, agitaient la cagoule du «Qui tue qui?» pour débarquer les ingérants étrangers. Bien qu'ayant mis à nu les auteurs des carnages, les journalistes furent confrontés à une situation aussi dure lorsque les clôtures étaient surélevées autour du drame. Mais depuis une année, le travail d'information a gagné en coopération, et le temps des susceptibilités s'éloigne graduellement. Sur le plan de la lutte antiterroriste, les informations communiquées à notre journal sont édifiantes: de 1992 à 1997, 521 terroristes furent abattus et 81 autres arrêtés alors que 740 armes ont été récupérées et 660 engins explosifs neutralisés. Ce qui explique la baisse de 93%, enregistrée en matière d'attentats à la bombe au même titre que la chute des faux barrages (378 entre 92-97) pour chuter à moins de 30 au cours de ces quatre dernières années. Cependant, si les GIA, qui activent principalement entre Médéa-ville, Benchicao, Ouzera, Berrouaghia et Zoubaïria, sont pour la plupart étrangers à la région (12 éléments sur les 84 recensés sont originaires de Médéa) ; au Sud-Est, le Gspc de Abdelkader Saouane est hégémonique : Ksar El-Boukhari, Ouled Antar, Kherba-Siouf, Derrag, Ouled Hellal, Aziz, les wilayas de Tissemsilt (Théniet el-Had) et Aïn Defla. Selon des informations crédibles, l'émir Saouane, qui est à la tête de 94 terroristes fait actuellement face à la dissidence de son ancien bras droit, Houti, en errance dans la forêt de Ouled Antar avec une quinzaine de nouvelles recrues de Ksar El-Boukhari. Les forces combinées en opération ont réduit considérablement les capacités de nuisance des sanguinaires. Le dernier bilan en date: cinq terroristes du Gspc éliminés à Kherba-Siouf. Parmi eux, l'ancien chef de zone de Saouane, en l'occurrence H'bel, auteur du massacre de neuf militaires et de trois gendarmes au cours du Ramadan dernier. Reste la partie souterraine du terrorisme qui fournit renseignements et soutien logistique. A ce niveau précis, les citoyens doivent impérativement apporter leur contribution en matière d'informations, car la lutte antiterroriste n'incombe pas aux seules forces de sécurité.