Le débat est le grand absent dans le cadre de la préparation des élections locales, alors que la campagne électorale peine à démarrer. Abdelmadjid Azzedine, secrétaire général de la Ligue africaine des droits de l'homme et des peuples, ancien membre du Parlement panafricain, veut contribuer aux débats sur la gouvernance locale à l'approche des élections du 29 novembre prochain. Il sollicite L'Expression (l'interview s'est déroulée à Alger) pour apporter ses propositions afin de renforcer et enraciner la bonne gouvernance au niveau local. Il commence son propos par aborder les différents aspects de ce concept (définition, valeurs, mécanismes...) avant de déboucher ses les propositions. Selon lui, les APC et APW de l'Algérie sont confrontées à quatre défis majeurs pour asseoir une bonne gouvernance. Il s'agit de leur capacité à fournir des services de haute qualité et à répondre de manière appropriée aux attentes légitimes des citoyens; de la cohérence entre leurs compétences et les ressources humaines et matérielles; de l'intérêt, la confiance et l'implication des citoyens dans les affaires publiques locales et de la création des conditions propices pour l'investissement privé national et étranger. «De tels défis ne peuvent être relevés qu'à la condition de mettre en mouvement tous les éléments d'une gouvernance bien comprise qui commence tout d'abord par un choix judicieux des élus», a-t-il dit. Quels élus pour quelles assemblées Instaurer une bonne gouvernance commence par le choix des élus, la responsabilité d'abord des partis politiques qui présentent leurs candidats et ensuite des citoyens qui élisent leurs représentants. Pour peu que l'élection soit juste et transparente, assurant ainsi la «légitimité» à l'élu. «Le choix des élus compétents, intègres et jouissant d'une réelle confiance de la part des citoyens est la condition sine qua non d'une bonne gouvernance», estime notre interlocuteur, diplômé de l'Ecole nationale d'administration et de sciences politiques. «Son irréprochabilité (l'élu) doit être notamment mise à l'épreuve dès la campagne électorale où il doit s'abstenir d'obtenir tout suffrage par d'autres moyens que la qualité et la conviction de programme et l'attrait de son parti», ajoute-t-il. Abdelmadjid Azzedine, conseille par la suite, aux élus de résister à tout comportement de corruption active ou passive ainsi que de créer les conditions pour mener une lutte permanente contre ce fléau, véritable danger pour la démocratie, la République et les institutions. «Une bonne gouvernance dépend aussi du degré de modernisation de l'administration qui doit fournir des services de haute qualité», précise-t-il au passage. Faire participer les citoyens à la gestion de la cité Dans l'esprit d'une bonne gouvernance, explique encore notre interlocuteur, la participation des citoyens pour faire vivre la démocratie et les institutions ne se limite pas seulement au vote le jour d'une élection. «La participation permanente et organisée est un élément clé de la démocratie et de la bonne gouvernance. Cette participation témoigne de leur vitalité. Elle est source de légitimité continue», a-t-il noté. Notre interlocuteur qui propose la création de certains instruments pour rendre effective cette participation, insiste aussi sur la transparence- pilier de la bonne gouvernance- dans la gestion des affaires de la cité. Cette transparence implique que les délibérations des organes élus locaux devraient non seulement être publiques, mais aussi portées à la connaissance d'un large public par diffusion dans la presse, radios locales et voie d'affichage. Elle implique aussi l'ouverture aux citoyens des réunions des assemblées locales qui doit être la règle et le huis clos l'exception. Les citoyens doivent avoir la possibilité d'interroger les responsables locaux au cours des réunions. Ces derniers auront l'obligation de rendre des comptes. Quels mécanismes de participation «La participation peut prendre plusieurs formes et différents cadres. C'est pourquoi les APC et APW pourraient entre autres s'engager dans la mise en place de certains mécanismes qui impliquent directement les citoyens dans la gestion de leurs affaires», a indiqué notre interlocuteur. Ce dernier propose, en conséquence, la mise sur pied d'un Conseil consultatif communal de la jeunesse, d'assemblées citoyennes, des comités de quartiers, de forums de dialogue citoyen et l'organisation d'enquêtes. Ces instruments permettent aux électeurs d'avoir le droit et la possibilité de contribuer aux processus de décision, influer sur elles et s'engager dans des actions et activités citoyennes. «Ces structures pourraient constituer précisément le lieu approprié pour remodeler et cultiver les relations de confiance au moment où on relève une désaffection de groupes importants de jeunes à l'égard de la sphère et de la classe politiques», a-t-il expliqué. Mais pour que la participation des jeunes puisse s'inscrire dans la durée et ait une réelle signification, M. Abdelmadjid ajoute qu'il faut «s'assurer d'un environnement culturel respectueux de ces derniers et prendre en considération la diversité de leurs besoins et aspirations». Pour tirer profit des compétences de citoyens, des personnalités non élues en tant que conseillers, experts, notamment les retraités en situation de produire encore, notre interlocuteur propose de doter les collectivités locales au moins au niveau de la wilaya d'un Conseil communal ou wilayal économique et social.