Cette pathologie connaît une augmentation, non seulement en Algérie, mais aussi au Maroc et en Tunisie. Le cancer en Algérie vient en 2e position après la pathologie cardio-vasculaire dans la morbidité générale a indiqué, hier, le Dr Bouzid Kamel, directeur du Centre Pierre et Marie Curie. «Nous pourrons éviter cette maladie au moyen d'un dépistage précoce que chaque femme doit effectuer dès l'âge de 40 ans, en subissant une mammographie tous les deux ans», a affirmé, de son côté, le professeur Daures, précisant que «le cancer du sein connaît une augmentation de 10% chez les femmes en Algérie chaque année». Les deux professeurs s'exprimaient lors d'une conférence organisée hier à l'hotel Hilton, par Mastology Association of Northern and Southern Méditerranean (Manosmedi), la Faculté de médecine d'Alger et la Société algérienne d'oncologie médicale. Chaque année, environ 7500 cas de cancer du sein sont enregistrés en Algérie, en sachant que ce type de néoplasie vient en tête des tumeurs malignes chez la femme. De même qu'elle constitue la première cause de mortalité chez la gent féminine, avec environ 3500 décès enregistrés chaque année. Présent à cette rencontre scientifique, le Pr de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, chef de service de chirurgie carcinologique, Jalil Abdelouaheb, a déclaré qu'«une augmentation terrible de ce phénomène par rapport aux années précédentes, pas seulement en Algérie, mais aussi au Maroc et en Tunisie». Généralement, le symptôme le plus fréquent du cancer du sein «est parfois accompagné de douleurs ou d'une sensation de tension ou de lourdeur. Les modifications palpables du sein ne sont pas toutes des cancers, mais doivent toujours être examinées par un médecin, seule personne apte à poser un diagnostic. Il faut s'inquiéter surtout quand il y a un écoulement sanguinolent», rajoute-t-il. En plus clair, dit-il, «avant, nous considérions que cette maladie touchait seulement les femmes qui se marient tard ou qui n'ont pas beaucoup d'enfants, aussi celles qui n'allaitent pas. En fait, ces facteurs retrouvés dans la population occidentale ne sont pas toujours les mêmes dans notre pays», précise notre interlocuteur. Il ajoute une panoplie de vrais facteurs pouvant être la cause de cette maladie. Il cite, notamment l'obésité, la contraception, la puberté précoce (avant l'âge de 12 ans), la ménopause tardive, l'absence d'allaitement, la première grossesse tardive ou l'absence de grossesse ainsi que les antécédents familiaux de cancer du sein. De son côté, le professeur Bouzid soutient que «la majorité des femmes atteintes d'un cancer du sein ne présentent aucun signe d'altération de l'état général et se sentent en bonne santé au moment du diagnostic» et «au stade avancé, les symptômes du cancer du sein sont très variables et dépendent principalement de la localisation et de l'étendue de la tumeur», note-t-il expliquant que ces chiffres sont la conséquence d'une double transition épidémiologique et démographique qu'a connue notre pays à partir des années 1990. En effet, le cancer du sein connaît une progression alarmante depuis environ 20 ans. A partir des années 1990, il est devenu plus fréquent que celui du col de l'utérus.