Un voyage visuel à travers la beauté des ksour d'Algérie Une initiative pour sensibiliser les citadins et les futurs architectes sur la nécessité de rétablir ces modes de construction qui n'ont rien à envier aux méthodes dites modernes. L'exposition «De terre et d'argile» dédiée aux architectures et techniques de construction traditionnelles et modernes en terre, s'est ouverte samedi à l'Esplanade Riadh el Feth à Alger et se tiendra jusqu'au 17 décembre prochain. Yasmine Terki est architecte des monuments historiques et spécialiste des architectures et des constructions de terre auprès du ministère de la Culture. Après l'exposition «Terres d'Afrique et d'ailleurs» réalisée par ses soins, lors du 2ème Festival culturel panafricain, et notamment à l'occasion de «Tlemcen capitale de la culture islamique 2011», l'architecte aux mains incontestablement liées aux transformations minutieuses de la terre, nous revient avec ses lumineux projets et l'exposition «De terre et d'argile» sur Alger jusqu'au 17 décembre prochain. Parallèlement aussi à la première édition du Festival culturel international de promotion des architectures de terre «Archi'terre», qui se tiendra à Alger du 18 au 22 novembre avec un riche programme d'ateliers pratiques et de conférences destiné aux architectes et aux étudiants algériens en architecture et en génie civil, l'exposition «De terre et d'argile» vise incontestablement à faire découvrir et vulgariser les architectures de terre et leurs techniques au grand public afin de le sensibiliser à l'importance de ce patrimoine culturel et urbain. Une matière disponible, gratuite, écologique, modulable, renouvelable, la terre selon le bon sens est aussi capable de répondre aux normes de confort actuelles et c'est dans une même optique, que le public peut découvrir à Riadh El Feth, dans le hall de l'exposition, les spécificités surprenantes de l'architecture de terre regroupant toutes les méthodes utilisant la terre crue comme matériau de construction. Il existe, par ailleurs, plusieurs types. Le pisé, le torchis, l'adobe et, plus récemment, la brique de terre comprimée. Des décorations murales en terre, réalisées par une vingtaine d'artisans africains et européens, parmi eux, des artisans algériens, nigérians, français et portugais afin de mettre en relief l'universalité des architectures de terre. Des jarres en terre crue et toute une variété de couleurs de sable sont également exposée dans le hall pour mettre en exergue la diversité de la terre. L'exposition est une occasion de mêler la peinture à la sculpture et d'offrir une panoplie de formes aux alliances des expressions artistiques utilisées généralement afin de meubler l'intérieur des habitations en terre. L'exposition permet également un voyage visuelle des ksour algériens à travers un diaporama proposant une série de photographies aériennes et terrestres de 13 ksour algériens figurant parmi les «ksour protégés d'Algérie», bâtis en terre ou en pierre capturés sous l'objectif de Kays Djilali. Les photos ont été prises dans le cadre de deux campagnes photographiques organisées par le ministère de la Culture en 2009 et 2011, reflétant le génie et la beauté architecturale des premiers bâtisseurs et qui répond parfaitement aux besoins naturels et pratiques de leurs régions comme le ksar de Kenadsa (Béchar), Chetma (Biskra), Amenthan (Batna) ou El Mihane (Illizi). D'autres parties de l'exposition sont destinées à montrer des techniques de construction en terre et à la découverte d'édifices ultramodernes réalisés partout dans le monde, selon ces méthodes. Plusieurs photographies de bâtisses à différents usages sont exposées afin de montrer l'aspect moderne et utilitaire des architectures de terre. Un saut dans le temps et une découverte de projets futuristes, une simplicité et un accord entre les éléments de construction avec la nature dans une parfaite harmonie. A l'exemple des constructions en terre au Mexique, aux Etats-Unis, en Allemagne ou au Chili où se trouve d'ailleurs une université construite en torchis (murs de terre crue avec une ossature en bois). En outre, un espace de lecture contenant pas moins de 300 ouvrages relatifs aux architectures de terre et au patrimoine est mis à la disposition du public. Deux films documentaires intitulés Les révolutions de la terre et Les nouveaux habits de la terre du réalisateur français François Lebayon, seront projetés au public tout au long de l'exposition. Une visite virtuelle et mirifique de l'oasis rouge, Timimoun (Adrar) réalisée grâce au scanner laser en trois dimensions est aussi proposée afin d'agrémenter la ballade des visiteurs. L'architecture de terre est en soi, une forme moderne déjà appliquée dans des pays développés, ce qui ne saurait alimenter l'idée reçue que les constructions de terre sont synonymes de terres pauvres, d'autant plus qu'il est plus de l'ordre du génie urbain de trouver ce genre d'architecture à base de matériaux les plus simples et les plus disponibles. L'exposition se révèle donc comme une initiative pour sensibiliser les citadins et les futurs architectes sur la nécessité de rétablir ces modes de construction qui n'ont rien à envier aux méthodes dites modernes. Faire revivre des méthodes ancestrales et les réhabiliter sur le chemin de la modernité tout en sauvegardant et en épanouissant le patrimoine comme les ksour d'Algérie. Par ailleurs, envisager en vue des progrès à obtenir dans le domaine de l'architecture, la promotion de l'utilisation de ce type d'architecture étant donné ses avantages inégalables pour certaines régions, notamment au Sud.