Le spectre de l'abstention plane Des «prophéties» servies en guise de principal argument politique. En l'absence d'instituts de sondage dignes de ce nom, les spéculations sur le niveau de participation des électeurs aux prochaines élections locales vont bon train. Ce n'est pas la première fois que l'administration ou un parti politique anticipe sur le comportement des électeurs le jour J voire donner le résultat final d'un scrutin. On se souvient de la prédiction de Abdelaziz Belkhadem à la veille des législatives: «L'Algérie restera sous la bannière du FLN», disait-il. Cet «oracle» s'est vérifié à l'issue du scrutin avec un résultat «choc» qui a surpris même le FLN. Ce «tripotage», pratique devenue monnaie courante sur la scène politique, dénote de la gestion purement administrative de la chose politique en Algérie, selon de nombreux analystes politiques. «Une cacophonie en plus qui fonctionnerait comme un repoussoir ou un motif d'abstention de ces consultations de proximité», indiquent les observateurs. Sur la défensive et agressif, le secrétaire général de l'ex-parti unique continue sur sa lancée sans craindre d'essuyer un camouflet ou qu'il aura tort dans certains de ses propos et que ses chiffres sont faux. Cette «prophétie» est servie en guise de principal argument politique, est-il relevé tout au long de cette campagne amorphe et fade. On n'a pas fini entendre les mêmes rengaines! Interrogeant la politique et les échéances à venir en véritable médium, il décline ses prédictions: il s'est adjugé pas moins de 1 000 communes, soit environ 65% de voix qui seront exprimées. Alors que les partis et candidats ont du mal à expliquer le motif de leur participation à ce double scrutin local du fait notamment de l' «anéantissement» du pouvoir des maires et élus par l'administration, la caution est donnée par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Ould Kablia. Il a estimé entre 40 et 45% le taux de participation, soit le même niveau que celui obtenu lors des législatives du 10 mai dernier. Ce taux de participation aux prochains votes affiché à l'avance n'a pas manqué de soulever la polémique autour du manque de transparence en la matière. Cela cache mal la phobie de l'abstention qui s'est installée depuis longtemps au sein des autorités et l'administration. Toutefois, la même crainte est relevée chez les partis en lice. Sans exception, tous les chefs de partis n'ont pas cessé d'appeler au vote «massif» durant les 25 jours impartis à la campagne électorale. L'enjeu de la participation à ces élections est majeur, car il s'agit d'assurer la légitimité d'autant plus que ce rendez-vous électoral s'inscrit dans le cadre du processus des réformes dites «politiques approfondies» initiées en 2011. Pour rappel, le taux de participation aux élections locales de 2007 était de 43,96% pour les municipales et 43,26% pour les élections de wilayas, selon des chiffres officiels et définitifs. Le fichier électoral, qui est passé de 21 millions d'électeurs en mai 2012 à 20 millions pour les prochaines élections locales, est sujet à polémique, car son assainissement n'est toujours pas à l'ordre du jour. Le vote des militaires hors leurs localités d'origine est une autre aberration qui suscite des doutes et des contestations des quelques partis politiques. Il est à noter, par ailleurs, que 61 partis sont actuellement agréés, dont quatre sont interdits d'activités alors que cinq ont décidé de ne pas prendre part aux élections.