À ses yeux, l'important est de faire une lecture de cette abstention qui, “en elle-même peut être porteuse d'une exigence d'aller vers des refondations nationales audacieuses”. “Ma hantise, c'est l'abstention”, déclarait récemment le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia. À quelques jours du début du scrutin pour les législatives, prévues jeudi, les prédictions d'un fort taux d'abstention a gagné nombre d'acteurs politiques et des figures de la société civile. Lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, Me Zehouane qui préside une aile de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) n'a pas écarté cette éventualité. “Le sentiment dominant est que nous allons vers un fort taux d'abstention”, a-t-il dit. Pour cette prédiction, Me Zehouane s'appuie sur une série d'observations. “D'abord un paysage politique éclaté, une pléthore de formations même pas dégrossies, plus de 2 500 candidatures pour 462 sièges à pourvoir et un discours réduit autour de risques de fraudes électorales et de la présence d'observateurs étrangers”. “Que dire de l'ascèse politique électorale des comportements des prétendants et de leurs cautions à la candidature, des parrainages qui se sont vendus dans les cafés et les gargotes au plus offrants, des réseaux de racolage et de ramassage de fonds”, ajoute-t-il encore. Selon lui, la fonction parlementaire est assimilée chez les électeurs à la course à la rente. “Voyez les réactions de la jeunesses aux tentatives de séduction et de maquillage médiatique : le repoussoir, la dérision ou l'indifférence. La conviction majeure est que la motivation principale des candidats est la course aux prébendes parlementaires ; on ne peut donc intéresser les citoyens à se bousculer en masse pour la participation au scrutin”. Conséquence : “Nous estimons, donc, au regard des observations, que la Kabylie et les grandes villes vont afficher un fort taux d'abstention. Il ne faut pas s'en affoler ni diaboliser”, affirme-t-il avec assurance. Cependant, à ses yeux, l'important est de faire une lecture de cette abstention. “Pourquoi s'effrayer d'une tendance qui en elle-même peut être porteuse d'un message fort qu'induit une puissante attente, sinon une exigence d'aller vers des refondations nationales audacieuses à la mesure des défis que notre pays doit affronter au plan interne et international ?” Me Zehouane est, par ailleurs, tombé à bras raccourcis sur le FFS. “Moi et Me Bouchachi (tête de liste à Alger et ex-président de la Laddh), on n'a pas le même parcours. Il n'est pas indépendant, c'est un préposé d'Aït Ahmed, il reçoit ses ordres de Lausanne. Il y a une crise au FFS, la participation peut conduire à sa mort. Aït Ahmed a négocié un quota, c'est un secret de Polichinelle. C'est connu au sein du FFS et au sein de l'Internationale socialiste”. Enfin, sur l'élection de Hollande, il a exprimé son souhait qu'“il ait de meilleurs rapports avec l'Algérie” que son prédécesseur. “C'est un homme mesuré”, a-t-il dit. K K