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Une majorité de 75% des Algériens a dit «non» aux élections Plus de 12 sur les 21 millions d'électeurs inscrits ont boycotté le scrutin, 1,7 million de bulletins nuls
Les dernières législatives auront, au-delà des contestations qui s'en sont suivies, été marquées à la fois par un taux faible de participation (42,9%, taux officiel), même s'il est supérieur à celui enregistré en 2007 (35,67%). Mais aussi et surtout par le fort taux d'abstention. En termes d'influence, les observateurs ont «confirmé» le «parti des boycotteurs» comme la première force politique du pays avec 57%, suivi de près par les électeurs ayant voté avec des bulletins nuls (autour de 1,7 million sur 9 339 026 votants). A eux seuls, les abstentionnistes et les électeurs à bulletins nuls totalisent une majorité de 75%. Le Front de libération nationale (FLN), avec moins de 2 millions de voix, arrive en 3e position. Sur un total de 21 645 841 électeurs inscrits, plus de la moitié, soit 12 338 129, ont fait le choix de rejeter ces élections. Ils ne se sont prononcés ni en faveur du FLN, consacré parti majoritaire avec 217 sièges (nombre officiel après l'examen des recours introduits par le Conseil constitutionnel), ni des islamistes et encore moins pour les partis démocrates. En définitive, c'est le divorce d'avec tout ce qui se rapporte à la chose politique qu'ont exprimé les boycotteurs, en dépit des appels pressants lancés par les plus hautes autorités du pays, en premier lieu le chef de l'Etat, en passant par les partis politiques en lice. «Ces élections ne pouvaient, de toute manière, augurer aucun changement», «Les mêmes réflexes d'antan se reproduisent aujourd'hui», «Nous n'allons pas cautionner des pratiques qui nous ont menés à la dérive et fait prisonnier le pays d'une espèce de statu quo qui nous étouffe», sont, entre autres, les arguments massues exhibés par les abstentionnistes. C'est que loin de se faire des illusions quant à l'issue des dernières joutes, ils ont observé «une position politique» qui tranche d'avec les accusations de «manque de patriotisme» dont ils sont accusés par l'administration à l'instar du ministre de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia. «Le taux de participation (environ 43%), bien que probablement gonflé par rapport à l'absence totale d'engouement dont ont fait preuve les citoyens au cours de la campagne électorale, ne contredit aucunement une réalité empirique, qui fait du parti des abstentionnistes, le premier parti, par sa taille, du pays», analyse le politologue Rachid Grim dans une contribution publiée jeudi par un quotidien national. Et de poursuivre : «Le taux d'abstention est certainement plus important que ce que le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a annoncé, mais, sauf à disposer d'informations ayant un caractère de secret d'Etat, personne n'est en mesure de démonter le mécanisme utilisé pour amplifier le taux de participation.» Le geste des abstentionnistes loin d'être désespéré, traduit, par contre, l'aversion qu'ont les Algériens quant à la chose politique. C'est la même position nourrie par les votants ayant glissé des bulletins nuls (1,7 million) dans les urnes, représentant 18% des votants. Les jeunes, auxquels une grande partie des discours a été consacrée au cours de la campagne électorale, constituent le gros des abstentionnistes. «Ces derniers, par désintérêt naturel pour la chose politique, par désespoir devant un horizon complètement bouché ou par adhésion au choix politique du boycott du scrutin, n'ont montré aucun intérêt pour les élections», commente M. Grim. Y. D.