Qui choisir? telle est la question C'est aujourd'hui que les urnes diront si le spectre de l'abstention est réel ou supposé, pour peu qu'il n'y ait pas de fraude massive et de bourrage des urnes. Les partis politiques soupçonnent, le gouvernement rassure. C'est devenu comme une partie d'attaque et de contre-attaque que se livrent le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, la Commission nationale de surveillance des élections législatives et les partis politiques. Le discours des membres du gouvernement, assurant des élections libres et transparentes, se heurtent, en effet, aux soupçons des participants aux législatives quant à une fraude massive, couplée à la partialité de l'administration. Face à ces parties, se dresse le spectre de l'abstention qui menace de discréditer ces élections. Les plus pessimistes, comme le président de AHD 54 Ali Fawzi Rebaïne, prévoient un taux d'abstention de moins de 3%. Le RCD qui a décidé de boycotter les élections prédit un taux maximum de 17% de participation. Le président du FNA, Moussa Touati, prévoit moins de 19% alors que des partis comme le FLN et le MSP jugent acceptable une participation de 45% des électeurs. Mais les craintes de voir un taux d'abstention record des électeurs hantent les partis participants qui ont appelé les citoyens à voter pour endiguer ce phénomène politique né des déceptions accumulées pendant près de 50 ans. Même le chef de l'Etat s'est impliqué dans ces appels. Dans une interview accordée avant-hier à L'Expression, le ministre de l'Intérieur fait même dans l'anticipation en rappelant que «traditionnellement, et pas seulement en Algérie, les élections législatives sont celles qui mobilisent le moins». Pour M.Ould Kablia, un fort taux d'abstention, c'est aussi une manière qu'ont les citoyens de s'exprimer sur le discours politique tenu par les partis, et leur niveau d'adhésion aux projets des uns et des autres. La neutralité de l'administration est une autre tâche qui risque de porter préjudice à la régularité des élections. Certains partis ont déjà exprimé des réserves et accusé l'administration d'avoir favorisé tel ou tel parti au détriment des autres. Mais l'administration assure de sa neutralité, rappelant les mesures prises pour garantir des joutes transparentes. La présence des observateurs internationaux et l'implication de la justice dans le processus sont, entres autres, les arguments avancés par le département de l'intérieur pour rassurer les partis. Le président du Front de la justice et du développement (FJD), Abdallah Djaballah a estimé, ce mardi lors d'une conférence de presse, que la responsabilité de la neutralité de l'administration incombe au chef de l'Etat et aux ministres de l'Intérieur et de la Justice, car, a-t-il affirmé, «quand l'administration se retrouve seule dans les bureaux de vote, elle attribue les voix aux partis qui lui font allégeance». Les partis politiques craignent aussi la fraude électorale. Abdallah Djaballah a évoqué «certains signes qui poussent à l'inquiétude et qui font craindre une fraude». Il s'agit de «la circulation de quelques bulletins de vote et le gonflement des listes d'électeurs qui représentent 65% de la population alors qu'habituellement, elles ne dépassent pas les 45%, l'enregistrement massif de militaires après la fermeture des délais d'enregistrement». L'Alliance islamiste de l'Algérie verte avait annoncé sa certitude de remporter les élections «si elles sont honnêtes et non entachées de fraude». Pour sa part, l'administration assure que les élections seront transparentes comme les urnes sont transparentes.