Kaddour M'Hamsadji (2e à partir de la droite) et Amar Belkhodja (à gauche) lors de la conférence Evocation de ce qui avait préparé Abdelkader à devenir un des illustres personnages de l'histoire de l'Algérie combattante et de ce qui fit rassembler autour de lui, à 24 ans, les suffrages des grands chefs de tribus. Sous l'intitulé général de «Forum de la Mémoire» initié par le quotidien El Moudjahid et en collaboration avec celui-ci, la très dynamique Association «Machâal Echahid, le Flambeau du Martyr», présidée par M.Mohamed Abbad, a organisé, mardi 27 novembre 2012 à 10 heures, une conférence en commémoration du 180e anniversaire de la Moubayaâ, L'Allégeance à Abdelkader, élevé au rang d'Emir. Le thème de la conférence a porté spécialement cette année sur «La jeunesse de l'Emir Abdelkader» et a été abordé conjointement par l'écrivain et chroniqueur littéraire Kaddour M'Hamsadji, auteur d'un ouvrage développant le même titre et publié à l'OPU et par l'écrivain et historien Amar Belkhodja auteur de «L'Emir Abdelkader ni sultan ni imam», paru aux éditions alpha. Cette rencontre a eu lieu dans le Centre de Presse d'El Moudjahid et a réuni un très nombreux public composé de moudjahidine, d'universitaires, d'hommes de culture, de journalistes de la presse écrite, de la radio et de la télévision ainsi que des lycéens et des férus d'histoire de l'Algérie et des admirateurs de l'Emir Abdelkader. L'homme et ses qualités Après lecture de versets coraniques et audition de l'hymne national, le président de l'Association Machaâl Echahid a situé cette manifestation dans le cadre des festivités marquant le Cinquantenaire de l'Indépendance et a insisté sur l'intérêt historique de la Moubayaâ qu'il faudrait faire apprendre à la jeune génération. Justement, les deux conférenciers ne manqueront pas de présenter et d'analyser cet événement majeur dans l'organisation de la résistance nationale populaire à la conquête française. D'abord, Amar Belkhodja présente la grande personnalité de l'Emir Abdelkader en insistant sur sa valeur intellectuelle, politique, morale, et surtout sur ses qualités d'homme de conscience, de justice, de générosité et de paix. C'est l'homme du sabre, certes, lorsqu'il s'agit de défendre l'honneur de son pays, on peut dire qu'il est le précurseur de la guérilla, mais aussi du droit humanitaire, car c'est l'homme de coeur lorsqu'il s'agit de défendre les victimes de l'injustice et de l'oppression. C'est également le poète, le philosophe, le grammairien, le métaphysicien, le législateur, le diplomate, l'homme d'Etat, artisan de l'unité nationale. Peu d'hommes, dans le passé ancien ou récent, méritent le prestige auquel l'Emir Abdelkader jouit encore à travers le monde. Il dira en substance: «Son humanisme a été attesté par de grands auteurs et dans toutes les langues. Incontestablement, il fut l'homme du 19e siècle, et l'on doutera fort que les temps futurs donneront à l'humanité un autre homme de la même stature et de la même trempe que l'Emir Abdelkader.» Kaddour M'Hamsadji parlera de la jeunesse de l'Emir Abdelkader. Il essaie de mon-trer que «cette immense personnalité n'est pas apparue soudainement, sans une longue et très construite évolution». De même, il explique que «la Moubâyâa, dont nous célébrons très exactement aujourd'hui, mardi 27 novembre 2012, le 180e anniversaire est une date à la fois historique et sacrée dans la grande histoire de l'Algérie. Il faut dire que la Moubâyâa, le serment d'allégeance prêté à Abdelkader est l'obligation de fidélité et d'obéissance envers le souverain. La Moubâyâa a été prononcée en deux étapes ou en deux cérémonies: la première (el khâssa, la restreinte) a eu lieu le 22 novembre 1832 dans la plaine Ghris, près de Mascara et devant une assemblée de savants et de notables réunis au petit hameau de Frôha, sous l'arbre dardara; la seconde (dite el âma, la générale) s'est tenue le 27 novembre 1832 à l'intérieur de la mosquée de Mascara. Le jeune émir (24 ans) a accepté la charge qui lui a été confiée par l'assemblée élargie. À son tour, l'Emir investi prononce son célèbre discours de son engagement à servir son pays». Mais être arrivé à ce niveau de responsabilité, l'Emir Abdelkader l'explique par cette déclaration que reprend Kaddour M'Hamsadji: «Ma carrière fut tracée par ma naissance, mon éducation et mes prédilections.» Et le conférencier, se référant à ses recherches qui lui ont permis d'écrire son ouvrage, de rappeler les origines de l'Emir qui remontent jusqu'à la fille du Prophète (Qsssl) et l'installation de ses aïeux (avec Abd el Qaoui) dans la plaine de Ghris, situant les sept douars, la Guetna, Cacherou, Sidi Kada. Le conférencier évoque la famille d'Abdelkader, son père Mohieddine (et sa zaouïa), sa mère (Zohra) et le rôle que chacun d'eux a joué dans son éducation. Ainsi, Kaddour M'Hamsadji s'accorde le temps nécessaire pour rapporter avec pédagogie, comme à son habitude, l'essentiel du contenu de son ouvrage La jeunesse de l'Emir Abdelkader. Il évoque les origines d'Abdelkader, son enfance, son éducation, sa formation, ses études, son voyage avec son père à travers le pays, ses haltes au Caire et à Alexandrie, son double pèlerinage, sa visite à Baghdad, le retour au pays, son mariage, ses toutes premières batailles militaires dans les environs d'Oran (Khanq en-Nitâh et Bordj Râs el-Aïn, en 1832) aux côtés de son père Mohieddine contre l'armée française sous les ordres du général Pierre Boyer surnommé «Pierre le Cruel» occupant Oran. Les origines d'Abdelkader Kaddour M'Hamsadji revient tout naturellement à l'évocation de l'élection démocratique d'Abdelkader en qualité de chef suprême de la résistance algérienne et de son extension dans les territoires du centre et de l'est du pays. Un débat très intéressant, avec la participation du public et des lycéens, a suivi la conférence et a permis d'obtenir des réponses de Kaddour M'Hamsadji sur l'origine de son intérêt pour la personnalité de l'Emir Abdelkader, sur ses recherches personnelles, sur les sources consultées et sur les personnes qui l'ont encouragé a poursuivre son travail dans ce domaine. Il dira le tout premier à me pousser dans cette voie est «le regretté et l'immense poète de la Révolution Moufdi Zakaria». Il nous a déclaré: «C'était, c'est encore une initiative qu'il convient de regarder comme seulement exploratoire et incitative pour aller plus loin, plus profondément dans la connaissance du trajet initial de l'Emir. Je dois préciser aussi que la présente causerie ou même l'écriture de l'ouvrage La Jeunesse de l'Emir Abdelkader'' tire son origine d'une précédente causerie ayant eu pour thème Le cheval dans les victoires guerrières de l'Emir Abdelkader ́ ́. C'était pour participer, avec Moufdi Zakaria (Allah yarhamou), Mourad Bourboune et Ahmed Sefta (Allah yarhamou), à l'hommage rendu par l'Union des Ecrivains algériens au grand poète et illustre résistant algérien, à l'occasion du 81e anniversaire de sa mort (dans la nuit du 25 au 26 mai 1883, à l'âge de 75 ans, à Damas, en Syrie). Cette sobre mais émouvante manifestation a eu lieu au Théâtre national algérien, à Alger, le 29 mars 1964.» Notons, d'une part, que des médailles ont été remises à deux établissements scolaires représentés par leurs élèves (Othmani Meriem pour le Lycée Emir Abdelkader et Beldjouabi Boualem pour le Lycée Okba) et d'autre part, que le livre La Jeunesse de l'Emir Abdelkader existe aussi en version arabe à l'Office des publications universitaires.