Les partis traditionnels, à l'image du FLN, MSP, RND et même FFS et RCD, ont été sévèrement fragilisés par la vague de dissidences. Procédure complexe pour départager les sièges des quelque 1 072 communes, en ballottage. Et pour cause. Sur 1 451 communes que compte l'Algérie, seules 379 ont été remportées à la majorité absolue par un parti: FLN (159), RND (132), Indépendants (17) RCD (13), MPA (12), FFS (11), Alliance de l'Algérie Verte (10), MSP (10), FNA (9) et El Fadjr el Djadid (6). Naturelles ou contre-nature, ces alliances permettront d'éviter des blocages et aux conséquences désastreuses, susceptibles de plonger plus des trois quarts des communes dans l'anarchie. Ce qui n'était pas le cas lors des élections locales de 2007. Qu'est-ce qui distingue donc, les dernières élections locales de celles qui les avaient précédées? Quelques hypothèses: d'abord, c'est la première fois que l'électorat algérien s'est retrouvé face à un large éventail de formations politiques, après l'agrément de pas moins d'une vingtaine de partis. Partant, les partis traditionnels, à l'image du FLN, MSP, RND et même FFS et RCD, ont été sévèrement fragilisés par la vague de dissidences ayant amené des cadres de ces formations à voler de leurs propres ailes. Les Ghoul et Menasra (ex-cadres du MSP), Belaïd Abdelaziz (dissident du FLN), Tabbou (transfuge du FFS), Benyounès (ex-RCD), Benbaïbèche et Bahbouh (dissidents du RND), Benabdesselam (dissident d'El Islah)... et Benhamou (transfuge du FNA), pour ne citer que ces derniers, ont respectivement créé les partis: TAJ, Front du changement, Union démocratique et sociale, le Mouvement populaire algérien, Fadjr El-Djadid, Ufds, Al-Karama et FAN. Un facteur qui a certainement favorisé une dispersion de l'électorat, en faveur d'un plus large choix de ses élus. On a, certes, parlé d'une scène politique «pléthorique», alors que c'est peut-être de cette façon que l'on parviendra à se défaire de l'emprise de la dualité FLN-RND. En effet, en plus des nouveaux partis qui ont glané les voix qui risquaient de tomber dans les escarcelles respectives du FLN et du RND. C'est là justement l'explication du score obtenu par le FLN, dont le secrétaire général promettait de rafler la majorité dans au moins 1000 communes. Or, non seulement il n'a obtenu que le cinquième du nombre attendu, mais surtout doit passer par l'épreuve des alliances dans pas moins de mille communes. Et c'est justement là où la formation de M. Belkhadem doit faire des concessions en allant quémander le soutien de formations, qui ne sont pas forcément de sa «famille». C'est là également où doivent peser de tout leur poids les indépendants, qui, selon les résultats annoncés par le ministre de l'Intérieur, sont venus en troisième position. D'ailleurs et contrairement aux scrutins précédents, la formation de M.Belkhadem n'a pas fait dans le triomphalisme, sachant d'avance que le jeu des alliances est loin d'être une sinécure. Selon des sources sûres, près d'une trentaine de formations politiques ayant obtenu des sièges, comptent se liguer contre le FLN et s'allier avec les indépendants. Autre enseignement à retenir: aussi bien le FLN que le RND ont maintenu leurs positions, en dépit des dissidences et des tentatives de déstabilisation de ces partis par les redresseurs. A l'heure où nous mettons sous presse et en l'absence d'instituts de sondages, nous ne connaissons pas le nombre de communes dans lesquelles des alliances sont possibles. Sur un autre chapitre, en Kabylie, la rivalité entre le FFS et le RCD pourrait profiter aux partis au pouvoir dans certaines APC. Désormais, il n'y a donc plus de «bastion» kabyle. Pour sa part, le RND pourrait être tenté de faire perdre le FLN pour ne pas lui donner une avance trop large et faire de lui un parti dominant. Aussi, en raison du mode de scrutin éliminant les petits partis, il serait souhaitable une dose de proportionnelle, puisque avec ce mode de scrutin, les résultats ne reflètent pas réellement le changement escompté. Par rapport aux dernières législatives, il est enregistré une percée du MPA d'Amara Benyounès alors que les partis dits islamiques ont été laminés.