Les Etats-Unis deviendront le premier producteur mondial en 2020 alors que les Russes ont mis en veilleuse le projet Galsi à travers deux projets qui doivent alimenter l'Europe en gaz naturel. L'économie nationale est entre le marteau et l'enclume. Démonstration. Les Etats-Unis sont en train d'inverser la donne du leadership mondial en ce qui concerne le pétrole et le gaz, deux ressources fer de lance de l'économie nationale. Un rapport de 2012 de l'Agence internationale le confirme. La première économie de la planète consomme quelque 20 millions de barils par jour dont 60% sont importés. Cette tendance sera inversée d'ici 2017 si l'on croit les prévisions de l'AIE. Cette révolution doit provenir de l'exploitation du gaz de schiste. Les Etats-Unis 2e réserve mondiale «avec 27.000 milliards de mètres cubes gazeux à faible profondeur et réduisant ses coûts grâce aux canalisations sur tout le territoire américain et surtout maîtrisant la technologie devraient être exportateurs de pétrole vers 2017 et de gaz à l'horizon 2020», nous explique dans une contribution à L'Expression le Pr Abderrahmane Mebtoul. Ce qui ne serait pas sans répercussions sur l'Algérie dont l'économie dépend à quelque 98% de ses exportations en hydrocarbures. Le pétrole surtout. Une ressource qui lui a permis grâce à des prix relativement élevés de disposer d'une manne financière de près de 200 milliards de dollars. Une embellie qui pourrait s'avérer éphémère si les cours de l'or noir venaient à s'effondrer comme ce fut le cas dans les années 1990 où ils ont affiché moins de 10 dollars et plus récemment encore lorsque, après avoir franchi la barre des 147 dollars en juillet 2008, le baril s'est retrouvé à moins de 34 dollars au mois de décembre de la même année. En plus de ce type de scénario qui est à redouter, notamment en cette période de récession de l'économie mondiale, pèse l'impact des nouvelles mutations énergétiques mondiales sur l'économie nationale étroitement dépendante de ses exportations en hydrocarbures. L'Algérie est-elle suffisamment armée pour faire face à une telle situation? «Après 50 années d'indépendance politique, en 2012 c'est toujours une économie rentière malgré ses importantes potentialités: 98% d'exportation d'hydrocarbures à l'état brut et semi- brut, fin 2012, et important 70% des besoins des ménages et des entreprises qu'elles soient publiques ou privées, le tissu productif étant en déclin, moins de 5% de l'industrie dans le produit intérieur brut» constate le Pr Mebtoul. Le choc sera donc rude. L'Algérie ne pourra que prier pour que les cours de l'or noir s'envolent. Une planche de salut? «Il serait également illusoire pour l'Algérie de miser sur un prix du baril à prix constants de plus de 150 dollars qui serait un prix plancher de seuil de rentabilité pour encourager les énergies substituables» fait remarquer l'expert international en management stratégique. Autre point noir: l'exportation du gaz conventionnel. Un secteur où notre pays se trouve en concurrence directe sur le marché européen avec la Russie qui détient 30% des réserves mondiales. A travers deux projets les Russes auraient provoqué le gel du gazoduc algéro-italien Galsi selon l'analyse de l'universitaire. ««Le North Stream inauguré le 8 novembre 2011 qui permet l'acheminement de gaz russe en Europe... doit, à terme, permettre de transporter 55 milliards de m3 et le projet de South Stream, long au total de 3600 km d'une capacité de 63 milliards de m3 de gaz, et d'un coût estimatif évalué à 15,5 milliards d'euros, concurrent direct de l'Algérie, il est destiné à livrer du gaz russe à l'Union européenne via la mer Noire, les travaux devant se terminer en 2015», nous indique M.Mebtoul. Si l'on doit tenir compte des capacités du Qatar «un autre concurrent proche de l'Asie avec des capacités du double au triple des capacités de GLN algérien...» précise l'expert, il y va sans dire que l'économie algérienne est dos au mur pour ne pas dire prise à la gorge...