trois documentaires ont donné un sens au Festival dont la thématique a été le film engagé. La Cinémathèque a présenté, dans le cadre du Festival du cinéma d'Alger, trois documentaires engagés au parcours et aux idéaux différents, mais qui se rejoignent dans le dialectique, thème de l'engagement politique. Un engagement pour la révolution cubaine à travers le film Will the real terrorist please stand up de Saul Landau, un engagement contre l'impérialisme et colonialisme occidental avec le film Jean Ziegler contre l'ordre mondial d'Elisabeth Jonniaux et enfin l'engagement nationaliste avec la cause pour la libération de l'Algérie avec le documentaire de Jean Asselmeyer: Ils ont rejoint le front. Même si pour le premier film, le réalisateur n'était pas présent pour le défendre, l'oeuvre s'est défendue elle-même avec la qualité de l'investigation et surtout la haute importance des intervenants, aussi bien Américains que cubains. Car le film retrace un demi-siècle d'hostilité américano-cubaines à travers l'histoire de cinq agents de renseignement cubains envoyés pour infiltrer les groupes d'exilés cubains à Miami et qui sont accusés de terroristes et purgent des peines de prison de longue durée aux Etats-Unis. Le réalisateur a mis en évidence les assassinats et les actes de sabotage contre les personnalités cubaines. Alors terroristes ou révolutionnaires? C'est la question à laquelle le réalisateur souhaitait donner une réponse en retraçant, en images et au grand jour, les différentes tentatives américaines pour déstabiliser Cuba. Le film, qui met en vedette Danny Glover et Fidel Castro à 84 ans, dans les scènes-clés, tente de répondre à la question: qu'est-ce que Cuba fait pour mériter un tel traitement hostile? Il retrace les événements-clés de la baie des Cochons et la crise des missiles de Cuba, à travers de multiples tentatives d'assasinat du leader maximo: Fidel Castro . Le film est à la fois édifiant et troublant. Sur un autre front: le documentaire de Jean Asselmeyer partage la cause pour l'indépendance de l'Algérie. Même si le documentaire Ils ont rejoint le front, a été diffusé à plusieurs reprises à la cinémathèque, le succès est toujours aussi présent. Le film raconte, à travers les récits bouleversants de quatre témoignages français de l'histoire: Annie, Félix, Pierre et Roberto, leur vécu de la guerre de Libération et surtout leurs souffrances en prison et la torture. Ce sont quatre témoins qui ont rejoint ce front pour la libération de l'Algérie en s'associant et s'intégrant à la lutte du FLN et ont, par la suite, participé à la formidable aventure commencée il y a cinquante années, celle de la construction d'un pays jeune. C'est sur cette terre d'Algérie si belle et si fragile, où ils continuent à refuser le choc des «civilisations», participant en tant que citoyens algériens à la construction d'un autre choc, que le réalisateur très passionné s'exprime. Enfin, dans un autre registre, le dernier documentaire présenté d'Elisabeth Jonniaux s'inscrit dans la même logique anti-impérialiste, mais à travers le témoignage d'un seul personnage: Jean Ziegler. La réalisatrice française Elisabeth Jonniaux, nous a emmenés à la rencontre de Jean Ziegler, intellectuel suisse engagé, auteur d'une oeuvre radicale contre «l'ordre cannibale» du monde. Le film traverse la pensée en action d'un homme de 75 ans, plus que jamais en prise avec la réalité du monde. Elle l'accompagne sur sa terre de prédilection et objet de ses recherches: l'Afrique. Où il nous parle notamment du capitaine Tomas Sankara, qui fut trahi et tué pour ses engagements anti-impérialistes. L'intellectuel suisse a affirmé que les paroles et les positions politiques très engagées de Thomas Sankara avaient réussi à réveiller tous les pays de la zone subsaharienne. C'est en raison de ces positions de soutien à la cause indépendantiste que Jean Zigler a été, à maintes fois, menacé de liquidation. Nous découvrons l'intellectuel au travail au bureau des Nations unies où il exprime ouvertement ses positions politiques. Mais ce travail excellent sur le parcours d'un intellectuel, a laissé les spectateurs algériens sur leur faim, surtout en ce qui concerne les positions connues de l'intellectuel suisse sur la Guerre d'Algérie, car ce dernier était l'un des amis de l'Algérie. A ce propos, Elisabeth Jonniaux, a affirmé que l'intellectuel suisse avait largement parlé de l'Algérie dans l'entretien, mais qu'en raison de la durée du documentaire, la réalisatrice avait fait un choix sur certains sujets d'actualité. Au final, ces trois documentaires ont donné un sens au Festival du cinéma d'Alger dont la thématique a été le film engagé. Un engagement à la fois artistique, politique et révolutionnaire.