La mère et sa fille aînée sous mandat de dépôt, le complice en fuite. Alger, la brigade division Est de la police judiciaire tire au clair une affaire d'assassinat d'une rare cruauté. Le crime a été perpétré sur ascendant du premier degré. Les faits remontent au 24 octobre dernier, lorsque le tronc d'une personne de sexe masculin a été trouvé à la Cité Ben-Hamouda, à El Hamiz. Le lendemain, 25 octobre, furent également découverts des membres inférieurs de même appartenance. Alors que le 26 du même mois fut découverte une tête humaine, au lieu dit Sidi Belhadj-Plage à Tamentfoust. Après quoi, la police procéda aux constatations d'usage et aux prises de vues et empreintes. Des photos de la victime furent ensuite mises en circulation pour identification. Le 12 décembre passé, soit cinquante jours après la découverte macabre, aucun citoyen ne s'est manifesté pour signaler une disparition. Or, voilà que quelqu'un signale la disparition d'un frère. Sur présentation de photo, l'on reconnu finalement l'identité de la victime grâce notamment à l'aide de la femme qui identifia formellement son mari. De fil en aiguille et suite à des aveux, lors de l'audition, la police a réussi à confondre les coupables: la mère (O. H., 44 ans) et sa fille aînée (D. H.), âgée de 19 ans. C'est surtout grâce aux failles relevées dans les déclarations de cette dernière qui a confirmé les dires de sa maman, que la complicité a été établie et que la mère a fini par passer aux aveux. En reconnaissant avoir commandité l'assassinat de son mari (54 ans), gros commerçant de son état, habitant Aïn Allah, Dely Ibrahim - mais originaire de Ghardaïa. La femme qui reprochait à son mari, souvent absent du domicile conjugal, l'infidélité, la maltraitance et l'absence de relations sexuelles, et la charge d'une famille de 7 enfants livrée à elle-même, a dû monter son macabre scénario depuis une année. En effet, pour se débarrasser de son mari, elle tint un conseil de famille avec ses deux filles (D. H., 19 ans et D. S., 16 ans) qu'elle a réussi à convaincre de passer à l'acte en cultivant en elles la haine de leur père. Or, l'aînée dû faire appel à son fiancé résidant à Ghardaïa, en l'appelant dans la nuit du 22 au 23 octobre pour qu'il les rejoigne à Alger. Sachant que ce dernier, qui demeure encore en fuite, était déjà instruit de la besogne à accomplir. Et c'est durant la nuit du mercredi à jeudi (22 au 23 octobre) que l'irréparable a été commis. Le mari rentre chez lui vers 3 heures du matin, ivre, en utilisant ses propres clés. Une demi-heure après, il a dû s'assoupir devant son poste de télévision. Son sommeil «confirmé», le futur gendre s'acharna sur le père de famille en l'assommant de coups portés à la tête. Muni d'abord d'un objet contondant et ensuite d'un couteau de cuisine, il donna plusieurs coups sur toutes les parties du corps, dont les jambes. A l'aube, la mère, les deux filles et le fiancé prirent leur petit-déjeuner et prièrent. Mais aux premières heures de la matinée du jeudi, le fiancé s'équipa dans une quincaillerie d'une scie à métaux et de sacs poubelle et a procédé à la mutilation du corps qu'il a enfoui par morceaux dans les sacs qu'il a disséminés à travers différents sites, le tronc à la cité Benhamouda, El Hamiz, les membres inférieurs à la forêt Mohemmedi (Bir Mourad Raïs) et la tête à la plage Tamentfoust. Les membres supérieurs demeurent à ce jour introuvables. Pour dissimuler leur forfait et l'opération d'éparpillement de la dépouille, les coupables simulaient à chaque fois une «sortie en famille» en faisant appel aux services d'un clandestin. Pour le tronc retrouvé à El Hamiz, les criminels auraient opéré à la tombée de la nuit alors que pour la tête, ils ont fait croire à un pique-nique à la plage. Des photos auraient même été prises à cette occasion factice. La pellicule est confisquée pour les besoins de l'enquête. Les auteurs de ce crime ont été arrêtés le 13 décembre puis présentés le 17 du mois en cours à la cour de Rouiba sous les chefs d'inculpation assassinat sur ascendant au 1er degré, mutilation, complicité, dissimulation de corps et non-dénonciation de crime. La maman et la fille sont sous mandat de dépôt alors que la cadette est relâchée parce que «le facteur mineur est invoqué par le juge», ayant à sa charge ses jeunes frères (1 an, 3 ans, 9 ans et 15 ans). Le complice de 26 ans demeure en fuite. Notons la rapidité et la célérité de la police dans une affaire qui a presque failli dérouter les enquêteurs. Une sordide affaire, un crime abominable.