«On peut tout te prendre; tes biens, tes plus belles années, l'ensemble de tes joies, et l'ensemble de tes mérites, jusqu'à ta dernière chemise, il te restera toujours tes rêves pour réinventer le monde que l'on t'a confisqué.» L'Attentat de Yasmina Khadra La plus importante distinction du cinéma marocain, l'Etoile d'or (Grand prix) du Festival international du film de Marrakech (Fifm) a été décernée samedi soir au film «L'Attentat» du Libanais Ziad Doueiri, en l'absence de l'auteur de l'oeuvre adaptée Yasmina Khadra, et surtout du producteur franco-algérien, Rachid Bouchareb, qui était à Alger en même moment. Quel sens donner à ce prix à un film qui a été détourné de sa cause réelle et de son histoire originale. «L'Attentat», dont la sortie en France est prévue en 2013, raconte l'histoire du docteur Amin Jaâfari (Ali Suliman), un chirurgien d'origine palestinienne appelé sur les lieux d'un attentat-suicide à Tel-Aviv. A son arrivée, il découvre sa femme parmi les victimes et apprend de la police qu'elle était la kamikaze. Le docteur Jaâfari rejette d'abord l'accusation, mais il se sent peu à peu envahi par le doute. Le film du cinéaste libanais est l'adaptation du célèbre roman de Yasmina Khadra. Mais l'adaptation du livre de l'auteur algérien écrite par Ziad Doueiri et Joëlle Touma, n'est pas restée fidèle au célèbre roman de Yasmina Khadra, pseudonyme de l'écrivain algérien Mohamed Moulessehoul. D'abord, parce que le film qui n'a été sélectionné par aucun festival algérien, dénonce la violence armée palestinienne à travers les images du chaos de l'attentat, mais a effacé la violence israélienne commise contre le peuple et la résistance palestinienne, ensuite parce qu'il a supprimé les trente dernières minutes du projet du livre original, qui montrait l'assassinat du chef du Hamas, Cheikh Yassine, qui était bien transcrite dans le roman de Yasmina Khadra. L'auteur du livre L'Attentat n'a pas été invité au Festival de Marrakech. Les organisateurs de ce Festival marocain offert clé en main par une boite française installée à Paris, ne pouvait pas inviter un ancien militaire algérien devenu un intellectuel de renommée mondiale et surtout qui a écrit un livre sur la violence sioniste dans les territoires occupés. Le Festival de marrakech qui avait été lancé par Toscan du Plantier, patron de Uni-France, est réputé pour fixer des prix dans les salons des riadhs de Marrakech, après une mûre réflexion dans les appartements parisiens des Champs Elysées. On se souvient que le prix accordé, lors de la première édition par ce Festival non reconnu sur la place cinématographique mondiale a été décidé à Paris, en aparté avec la réalisatrice elle-même, Yamina Benguigui, qui avait reçu l'Etoile d'or pour son film Inchallah Dimanche, une coproduction algéro-française. Après avoir écarté plusieurs films algériens de la compétition, le Festival de Marrakech qui a choisi de récompenser l'oeuvre écrite par un ancien officier de l'armée algérienne, voulait par cette action offrir un cadeau empoisonné d'un festival qui protège à travers son mentor André Azoulay, la pensée sioniste du cinéma mondial. [email protected]