Beaucoup de nos enfants souffrent encore du froid Pourtant, 100 milliards sont débloqués chaque année pour le chauffage des écoles. A quelques jours des vacances d'hiver, des dizaines d'établissements scolaires à travers le pays sont dépourvus d'appareils de chauffage. Alors que l'Etat a mobilisé d'énormes moyens financiers pour améliorer les conditions de scolarisation, des milliers d'élèves se retrouvent, à leur grand dam, dans de véritables taudis. Portes fracassées, fenêtres aux carreaux brisés, infiltrations d'eau de pluie et des prises électriques dénudées. Ce qui expose les élèves au danger. L'absence de chauffage dans les écoles est une réalité. A l'arrivée de la saison hivernale qui s'annonce très rude cette année, la majorité des écoles, tous paliers confondus, à travers le pays, demeurent sans appareils de chauffage. «Malheureusement, après 50 ans d'indépendance, l'Algérie n'a pas pu encore régler le problème de chauffage dans nos écoles», regrette M.Khaled Ahmed, président de l'Association nationale des parents d'élèves. Cette réalité amère prouve pour la énième fois que la plupart des écoles algériennes sont privées des conditions minimales de fonctionnement d'un établissement scolaire, au moment où le ministère de l'Education nationale parle de la vidéoconférence et du cartable électronique. M.Khaled accuse les différents élus locaux et chefs d'établissements d'être derrière cette situation catastrophique. «Les chefs d'établissements et certains responsables des collectivités locales sont les seuls responsables de cette situation, puisque l'Etat subventionne les lycées et les CEM», indique-t-il, tout en faisant savoir que «des sommes colossales sont débloquées chaque année, soit 100 milliards de centimes au niveau national, uniquement pour le chauffage des écoles». Certes, cette situation influe négativement sur la scolarité des élèves ainsi que sur leur santé, notamment dans les zones isolées où plusieurs écoles se trouvent fermées en hiver à cause de l'absence de chauffage. Plusieurs cas de pneumonie, de rhumatismes articulaires aigus, asthmes... sont enregistrés dans les régions de l'est, du centre du pays et des Hauts-Plateaux. Soutenus par leurs parents, ces derniers ont observé dernièrement des grèves dans certains établissements à l'exemple du lycée de Seddouk à Béjaïa, le lycée de Boufarik à Blida, le CEM d'Ouled Fayet à Alger et dans bien d'autres wilayas comme El Tarf, Aïn Defla, Naâma, El Bayadh, Sétif, Bordj Bou Arréridj, M'sila, Batna, Khenchela, Oum El Bouaghi, Djelfa et Laghouat... Ils ne veulent plus rejoindre leurs classes non aménagées et dépourvues de conditions favorables, notamment le chauffage et les vitres. Pour sa part, M.Messaoud Boudiba, chargé de la communication et de l'information du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), affirme que l'absence de chauffage est un problème général, même dans les centres-villes. Pour lui, quelle que soit la raison, absence d'entretien, alimentation ou d'installation, notamment au sein des nouveaux établissements non équipés, le résultat est le même: les élèves souffrent. «C'est clair, il n'y a pas de mesures pour résoudre définitivement ce problème qui ne doit pas être une question saisonnière», désole-t-il. Evoquant le cas des écoles dans le Sud, M.Boudiba souligne que «ces régions qui utilisent des climatiseurs, réclament l'installation du chauffage central, puisque la capacité d'électricité dont s'alimentent leurs climatiseurs est trop faible». De ce fait, il a interpellé la tutelle de prendre au sérieux ce vrai problème qui menace l'avenir de nos enfants. Il a également proposé que les écoles primaires ne soient plus gérées par les APC en raison de leur négligence. Par ailleurs, M.Rachid Boulegroune, directeur de l'Académie d'Alger-Est, joint par téléphone, indique qu'il n'a pas d'informations sur ce problème et que les responsables de cette situation doivent assumer toute leur responsabilité, puisque l'Etat a mis à leur disposition des enveloppes financières importantes. Une réponse qui ne convainc pas, puisque à moins d'une dizaine de kilomètres de son bureau, des dizaines d'élèves grelottent de froid au CEM des Frères Meddour (Ex-2068 Logements à Bab Ezzouar). En cette période de vacances scolaires, on s'interroge si les autorités concernées vont vraiment prendre des mesures concrètes pour faire face à ce problème récurrent qui ne manquera pas de peser lourd sur la scolarité des élèves et surtout sur la qualité des cours qui leur sont dispensés, puisque la situation influe aussi sur le rendement des enseignants.