La communauté internationale le met à l'index Le Parlement européen a adopté, le 13 décembre, une résolution appelant au «respect des droits fondamentaux de la population du Sahara occidental». La répression n'a pas baissé d'un cran dans les territoires occupés du Sahara occidental. Le Maroc ne cesse d'en faire les frais. La communauté internationale le met à l'index. Le président sahraoui opte malgré tout pour la voie du dialogue pour faire aboutir la principale revendication du peuple sahraoui: décider librement de son avenir à travers l'organisation d'un référendum d'autodétermination sous l'égide des Nations unies. «Les négociations avec le Maroc sont nécessaires... la porte de ces négociations demeurera ouverte au moins jusqu'au mois d'avril prochain (expiration de la résolution 2044 du Conseil de sécurité de l'ONU Ndlr)», a déclaré Mohamed Abdelaziz sur les ondes de la Chaîne I de la Radio nationale. La partie n'est pourtant pas gagnée d'avance. Il faudra d'abord que le Makhzen cesse de faire de la question du Sahara occidental une «affaire sacrée». Le président de la Rasd en a pris acte. Comment compte-t-il faire revenir le pouvoir marocain sur sa position? Il est nécessaire «d'exercer des pressions réelles et efficaces sur la partie qui entrave la loi (le Maroc Ndlr) et s'oppose aux décisions de l'ONU pour l'amener à se conformer à la légalité internationale», a-t-il souligné. Pour inverser ce rapport de force, le secrétaire général du Front Polisario va emboîter le pas à l'envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental qui a mis fin au processus de négociations informelles qui après neuf rounds ont prouvé leur inefficacité. Christopher Ross compte réunir Sahraouis et Marocains autour d'une même table après avoir mené préalablement de larges consultations à l'échelle internationale et régionale. «Nous avons eu neuf de ces sessions, depuis août 2009, sans résultat. Nous entamerons une période de diplomatie itinérante avec les parties concernées et les pays voisins», a constaté le diplomate américain. «J'entreprendrai dans le cadre de cette démarche des contacts avec les pays membres au Conseil de sécurité, avec les amis du Secrétaire général de l'ONU et les Etats influents sur la scène politique internationale en vue de les convaincre d'exercer davantage de pressions sur le Maroc et orienter ainsi la question sahraouie vers une solution pacifique», a fait savoir le président Abdelaziz. D'autant qu'au niveau international les vents semblent favorables pour plaider la cause du peuple sahraoui. Sur le plan du respect des droits de l'homme, l'image du Maroc s'est considérablement ternie ces derniers mois. L'usage de la violence, de la torture... dans les territoires occupés du Sahara occidental et à travers le territoire du royaume ne sont pas une simple vue de l'esprit... Elles ont été confirmées par les rapports du Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l'homme (RFK Center) dont une délégation a séjourné au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis du 25 au 31 août et du rapporteur spécial de l'ONU sur la torture et autres traitements cruels, qui s'est rendu au Maroc et au Sahara occidental entre les 15 et 22 septembre 2012. Ils ont fait état sans ambiguïté de la pratique de la torture par les forces de répression marocaines. Un «vécu déplorable du peuple sahraoui du fait de la politique coloniale marocaine», a dénoncé le président sahraoui. Bilan: plus de 500 disparus ont été recensés, 65 détenus politiques croupissent actuellement dans les prisons marocaines depuis le début de l'intifadha pour l'indépendance (le 21 mai 2005) alors que 22 civils détenus à la prison de Salé attendent d'être jugés par un tribunal... militaire. Une politique qui a vu le royaume se faire refouler aux portes du Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies. La série noire continue. Le Parlement européen a adopté, le 13 décembre, une résolution appelant au «respect des droits fondamentaux de la population du Sahara occidental». Un revers cuisant pour le Maroc qui ne restera probablement pas sans écho... Pourquoi? Le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, qui a qualifié ce vote d'«historique», le démontre. «Il est très significatif que le Parlement européen, en tant que voix démocratique de l'Union européenne qui vient de recevoir le Prix Nobel de la paix, ait de nouveau appelé à ce que les droits fondamentaux de la population du Sahara occidental, y compris la liberté d'association, le liberté d'expression et le droit de manifester, soient respectés», a expliqué Mohamed Sidati... De quoi faire bourdonner certaines oreilles du côté de Rabat...