Le vrai visage d'un royaume aux abois Epinglé à plusieurs reprises sur la question du respect des droits de l'homme, pris en flagrant délit en ce qui concerne la pratique de la torture, le Makhzen vient d'être sanctionné de façon retentissante. Les portes du Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies sont restées fermées pour le Royaume alaouite. Sa demande d'admission a été rejetée. Plus qu'un échec pour la diplomatie marocaine: une claque! Les rapports du Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l'homme (RFK Center) dont une délégation a séjourné au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis du 25 au 31 août et du rapporteur spécial de l'ONU sur la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, qui s'est rendu au Maroc et au Sahara occidental entre les 15 et 22 septembre 2012, qui ont fait état de la pratique de la torture, ne sont pas restés lettre morte. Comme des témoins à charge dont les dépositions ne souffrent aucune contestation, ils ont joué un rôle de premier plan dans la décision de l'institution internationale. Le document du RFK Center avait recensé des cas de disparition, de torture, de détention arbitraire, de menaces, d'exécutions extrajudiciaires... par les forces d'occupation marocaines. Le rapporteur spécial de l'ONU avait, quant à lui, évoqué des «témoignages crédibles faisant état de pressions physiques et mentales excessives sur des détenus au cours d'interrogatoires». «Il ne devrait pas être surprenant que des actes équivalant à la torture soient commis à l'occasion d'événements particulièrement intenses, tels que des grandes manifestations...», avait ajouté Juan Mendez, lors de la conférence de presse qu'il avait tenue à Rabat à la fin de sa mission. La sentence est tombée: mis au banc des accusés, le Maroc vient d'être définitivement condamné. Son intrusion au sein du Conseil des droits de l'homme aurait décrédibilisé l'Organisation des Nations unies et terni son image. «Des Etats ont cherché à se faire élire à la Commission non pas pour défendre les droits de l'homme mais pour se soustraire aux critiques, ou pour critiquer les autres» avait déjà fait remarquer dans un rapport de mars 2005 Kofi Annan, alors Secrétaire général des Nations unies. Le Maroc en est l'exemple type. Il a tiré à boulets rouges sur l'Algérie pour sa position sur le Sahara occidental. Il a fait de l'ouverture des frontières une condition à la tenue du Sommet de l'UMA qui aurait dû se tenir en octobre à Tunis...et a tenté de diaboliser le Front Polisario qu'il a accusé d'avoir des accointances avec le terrorisme islamiste au Sahel. Plus de prérogatives pour la Minurso? C'est en tous les cas ce qu'espèrent les responsables sahraouis. Le rejet de l'admission du Maroc au Conseil des droits de l'homme de l'ONU «devrait ouvrir la voie à l'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme dans les territoires occupés que nous revendiquons», a déclaré lundi à Londres Limam Mohamed Ali, le représentant du Front Polisario au Royaume-Uni. «Nous nous réjouissons de cette décision qui conforte le bien-fondé des rapports établis par l'ONU sur les violations des droits de l'homme au Sahara occidental» a-t-il ajouté. Le Front Polisario qui s'est battu bec et ongles pour l'instauration d'un mécanisme de surveillance du respect des droits de l'homme, pense que l'heure est venue pour la concrétisation d'un tel dispositif. «La Minurso devrait rapporter de façon périodique au Conseil de sécurité de l'ONU les exactions commises par les autorités marocaines dans nos territoires et les violations des droits de l'homme perpétrées à l'encontre des Sahraouis comme les enlèvements, la torture et les violences physiques subies par la population», a souligné le diplomate sahraoui. Le rejet de l'admission du Maroc au Conseil des droits de l'homme de l'ONU aura, par ailleurs, pour effet de décrédibiliser le retrait de confiance dont a fait l'objet l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental au mois de mai dernier. Le représentant personnel du SG de l'ONU avait remis un rapport, sur la situation qui prévaut au Sahara occidental, présenté par Ban Ki-moon au Conseil de sécurité. Le document faisait état de l'extraction d'aveux aux Sahraouis, sous la torture, par les forces marocaines et mettait en exergue les difficultés rencontrées par la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso)... Christopher Ross, qui compte rassembler Marocains et Sahraouis autour de la table des négociations, bénéficie d'une autre corde à son arc pour trouver une solution juste et durable au conflit du Sahara occidental qui permette l'autodétermination du peuple sahraoui...