La pomme de terre a atteint cette année des prix scandaleusement élevés. Alors qu'elle était tombée, il y a une année à 8 dinars, elle était cédée durant ce mois d'octobre, d'abord à 50 dinars puis à 65 et, dans certains marchés, à 70 dinars. Il faut croire que même en temps de guerre, ces augmentations à répétition seraient à peine justifiées. Parallèlement, le prix de certains produits de luxe a chuté. Le cas de la banane est le plus édifiant. Ce phénomène a d'ailleurs inspiré les meilleurs blagueurs qui provoyaient déjà que la patate était en passe de devenir le mets des «grosses légumes». D'ailleurs, les contrebandiers qui s'étaient spécialisés dans les fruits de luxe ont dû les abandonner pour introduire la pomme de terre des frontières Ouest. De leur côté, les spéculateurs ont trouvé une véritable aubaine en l'absence de la pomme de terre d'importation pour mettre le feu au marché. Dans tout cela, le ministère du Commerce semble tout simplement dépassé. En fait, même les quantités de pomme de terre importées dernièrement d'Espagne et de Turquie ont été introduites par des importateurs privés. Le ministère en charge de ce secteur est, faut-il le dire, totalement absent. Aucune intervention efficace n'a été effectuée par la tutelle afin d'équilibrer un tant soit peu le marché. Le problème est, en effet, épineux du moment qu'il s'agit d'un produit de large consommation.