img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P121218-08.jpg" alt=""Ensemble, on peut réussir des miracles"" / Dans cet entretien, le Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des Universités et expert international, revient sur les perspectives économiques que peut apporter la visite du président français, François Hollande. Sans ambages, le Dr Mebtoul évoque les conditions que doivent réunir les deux pays, que ce soit économiques ou historiques, pour la réussite de cette coopération. Appréciez plutôt l'analyse de l'expert... La visite du Président François Hollande permettra-t-elle de dynamiser la coopération algéro-française? Dans le cadre d'un partenariat gagnant - gagnant, à travers tant des partenariats publics/privés que privés français /privés algériens, la coopération entre l'Algérie et la France peut être renforcée dans divers domaines. Aussi, si l'on s'en tient aux aspects économiques, l'objectif de la visite du président français François Hollande s'inscrit dans le cadre de la volonté des deux pays de dynamiser les relations en synchronisant nos actions afin de rapprocher des intérêts économiques et commerciaux des entreprises des deux rives de la Méditerranée. L'émigration ciment de l'inter-culturalité peut être ce chaînon dynamisant. Selon l'Insee, en 2010, environ 12 millions d'immigrés et d'enfants d'immigrés vivent en France dont 1,5 et 1,8 d'Algériens y compris la seconde génération. Comment «booster» cette dynamisation? La dynamisation des échanges implique une visibilité et une cohérence dans toute politique socio-économique évitant l'instabilité juridique perpétuelle qui décourage tout investisseur potentiel, qu'il soit algérien ou étranger. Pour cela, en dehors des secteurs stratégiques et cela ne concerne pas seulement la France, il y a lieu de revoir la règle des 49/51% qui concerne les services, le Btph et les industries y compris les hydrocarbures et les banques/assurances où, en dehors donc des secteurs stratégiques, il est souhaitable d'aller vers des critères plus efficaces et réalistes, à savoir une balance technologique, managériale et financière positive pour l'Algérie. Mon ami, le professeur Jean-Louis Guigou, ami d'ailleurs du président François Hollande, Délégué de l'Ipimed, m'a transmis un document important où son organisation a mis en relief un concept opérationnel intéressant celui de «colocalisation» qui se définit comme le principe selon lequel les investissements français au Maghreb ont des retombées à la fois positives sur l'économie française et les économies maghrébines «s'il y a une stratégie de partage de la valeur ajoutée». Ce concept peut être appliqué à la dynamisation de la coopération économique algéro-française. Selon vous, quels sont les segments pour un partenariat gagnant-gagnant? L'Algérie a des ressources financières. Ce qu'elle, a besoin avant tout, c'est d'aller vers une économie hors hydrocarbures dans le cadre des nouvelles mutations mondiales, l'autarcie étant une utopie néfaste, et donc de favoriser le transfert technologique et managérial, donc le savoir axé sur les innovations d'où l'importance de la formation. Il y a le segment du Btph dont les 2 millions de logements programmés, les capacités algériennes ne pouvant dépasser les 80.000 unités/an contre un programme de 250.000 ce qui explique les partenariats récents avec le Portugal et l'Espagne et bien d'autres segments qu'il conviendra de cibler pour définir leur rentabilité dont le transport, la santé, le tourisme, l'industrie dont les PMI-PME-, les banques-assurances sans compter la coopération militaire qui sera certainement abordée. Pour ce qui est de la question «épineuse» de l'implantation de l'usine Renault en Algérie? Concernant l'usine Renault, la capacité prévue de 75.000 unités par an est faible pour sa fiabilité économique, les normes internationales pour les voitures de moyenne gamme étant de 300.000 à 400.000 unités par an. A quels coûts, hors taxes, l'Algérie produira-t-elle cette voiture d'autant plus que l'on peut interdire les importations? Et que se passera-t-il, en tendance, lorsque sera appliqué le dégrèvement tarifaire allant vers zéro, reporté à 2020 selon les accords qui lient l'Algérie à l'Union européenne? En conclusion, quelles sont les perspectives entre les deux pays? Les échanges sont dérisoires par rapport aux énormes potentialités entre l'Algérie et la France. Pour cela, la France doit éviter de voir l'Algérie comme un simple comptoir commercial. L'Algérie doit, pour sa part, aller vers de profondes réformes micro-économiques et institutionnelles, valoriser l'entreprise créatrice de richesses et son soubassement le savoir en axant sa stratégie sur la recherche-développement (RD). L'Algérie, qui a toutes les potentialités pour passer d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures, peut devenir, horizon 2020, un pays émergent, sous réserve d'un réalisme politique et d'une meilleure gouvernance qui doit trancher avec les nostalgies dépassées des années 1970 car nous sommes à l'ère d'une re- mondialisation. Les relations ont été toujours passionnées depuis l'indépendance politique, pour des raisons historiques, à l'image d'un vieux couple. J'espère que lors de cette visite en Algérie du président Hollande, il y aura une volonté claire des deux côtés de la Méditerranée de bâtir, par le dialogue, un avenir partagé. Tout en étant attentif au devoir de mémoire pour préparer ensemble l'avenir, il est souhaitable que l'Algérie et la France entreprennent conjointement, loin de tout esprit de domination, afin de favoriser la stabilité de la région euro-méditerranéenne et euro-africaine au sein de l'intégration du Maghreb, pont entre l'Europe et l'Afrique.