Un regard avisé les conditions de séjour sont loin des standards internationaux de l'hôtellerie en particulier et du service de façon générale. Slimane Seba est directeur de publication de la revue Tourisme Magazine spécialisée en hôtellerie de tourisme. Il s'engage dans le secteur du tourisme dès septembre 1981. D'abord, au ministère du Tourisme où il a eu la charge du dossier du Statut général des travailleurs, (SGT). Il regagnera ensuite le Touring club d'Algérie, tour-opérateur où il dirigera la sous-direction des ressources humaines et des moyens. C'est en qualité de cadre dirigeant qu'il rejoint l'hôtel El Djazaïr pour la direction des ressources humaines. Il aura, à son actif, de nombreuses missions dont l'organisation de semaines gastronomiques et culturelles, nationales et étrangères. Après un bref passage à l'Entreprise de gestion de Club des Pins, il se retrouve au Centre national de formation touristique en qualité de directeur des ressources humaines et de la formation continue. Après qu'il eût quitté le secteur public, il lance la première revue spécialisée en tourisme et en assure la direction. Slimane Seba est aussi connu pour avoir sillonné de nombreux pays dans le cadre des Salons internationaux du tourisme. C'est donc en spécialiste des questions du tourisme qu'il répond à nos questions. L'Expression: L'Algérie n'arrive pas à capter le flux touristique qui est enregistré durant ces vacances de fin d'année. Cela est dû à quoi à votre avis? Slimane Seba: Les raisons qui font que l'Algérie n'arrive pas à capter le flux touristique international durant ces fêtes de fin d'année sont les mêmes que celles qui empêchent ce même flux durant toute l'année. C'est principalement, l'absence de promotion et de communication sérieuse, efficace sur la destination à travers les médias et les salons internationaux du tourisme, l'insuffisance de l'offre hôtelière. En outre, et quoique les années difficiles, d'insécurité sont loin derrière nous, le pays continue de véhiculer une image incertaine, peu sûre dans son tourisme et, que les grands tour-opérateurs, faiseurs ou destructeurs de destinations, continuent de bouder. Et quand bien même cette demande pour la destination, Algérie venait à se manifester, il est, dans les conditions actuelles, difficile, voire impossible de la satisfaire, les conditions de séjour étant à 90% loin des standards internationaux de l'hôtellerie, en particulier et du service de façon générale. Quelles sont les destinations touristiques prisées par les Algériens durant cette période? En dehors des destinations du Grand Sud, très prisées et très vite saturées, les destinations privilégiées des Algériens sont la Tunisie, le Maroc, la Turquie et Dubaï. La Tunisie est pratiquement rentrée dans les moeurs. C'est le pays du million annuel de vacanciers algériens. C'est donc, tout naturellement que les Algériens s'y dirigent, par habitude, pour la facilité d'accès et aussi pour l'excellent rapport qualité-prix. Le Maroc est également une destination recherchée. Même si les prix y sont sensiblement plus élevés que ceux que la Tunisie propose, ils demeurent accessibles et ce pays offre une multitude de produits attractifs. Les villes de Marrakech et Agadir principalement, ont des atouts indéniables. La Turquie, pour sa part, reste une grande destination méditerranéenne avec les atouts des destinations occidentales dans un environnement culturel et religieux proche des nôtres. Les 20 millions de touristes annuels en sont la preuve. Enfin, Dubaï est une destination montante. Elle offre différents produits, du moins cher au plus cher et répond pratiquement et globalement aux bourses moyennes. Sa notoriété de plus en plus en plus affirmée fait que les Algériens sont de plus en plus nombreux à s'y intéresser. Et c'est donc tout naturellement qu'on retrouve cette destination dans les offres de fin d'année des agences de voyages. L'Algérie dispose-t-elle des moyens et infrastructures nécessaires pour rivaliser avec des pays comme la Turquie, la Tunisie ou le Maroc? Sinon, comment remédier? La réponse est non, bien évidemment. Ni les infrastructures ni autre logistique à même de rivaliser avec ces trois pays. Ces trois pays sont très largement en avance parce qu'ils se sont lancés dans le développement touristique beaucoup plus tôt, leur option n'était pas ambiguë et ils y ont mis les moyens adéquats. En amont de la stratégie de récupération des espaces perdus pendant la décennie, difficile qu'a connue l'Algérie, il y a la volonté politique. A partir de là se déclineront les autres actions. Cette volonté étant, manifestement et depuis quelques années en faveur du développement touristique. Les actions à engager, nous semble-t-il, sont la promotion de l'image de l'Algérie à travers les salons internationaux et plus généralement à travers les médias étrangers, la densification du parc hôtelier par l'encouragement de l'investissement et la levée des blocages bureaucratiques, la densification de l'appareil de formation par la construction de nouveaux centres de formation et le développement de la coopération avec des écoles internationales de notoriété établie et reconnue, l'implication de tous les opérateurs de voyages et notamment le réseau des agences de voyages dans la commercialisation du produit touristique national. Enfin, en tant que spécialiste du tourisme croyez-vous que le secteur qui vient de changer de ministre peut se relever? Le secteur du tourisme se relèvera, sans aucun doute. La mise en place d'un secrétariat d'Etat chargé du Tourisme en même temps que le ministère du Tourisme est un signe fort des pouvoirs publics en direction du secteur. C'est un renforcement, à un niveau central du pouvoir d'intervention des pouvoirs publics. Ce qui ne peut être que profitable pour tout le secteur. Il reste à inscrire cette démarche dans la durée et la stabilité.