S'agit-il d'actes ou comportements de personnes relevant des grandes pathologies psychiatriques? Ou bien serait-il plutôt l'oeuvre de bandes organisées dans le trafic d'organes? Les enfants massacrés, tués ou kidnappés occupent les unes de tous les quotidiens nationaux depuis le début de ce mois de décembre. La situation est autant dramatique que préoccupante. En effet, comment dire à son enfant qu'un garçon de son âge est assassiné à deux pas de sa maison? Comment lui expliquer que cet enfant n'est pas le seul à être tué, que dans un autre quartier un autre enfant a été kidnappé, que ses parents sont sans nouvelles de lui? Jeudi 27 décembre à Draria, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest d'Alger, une fillette de six ans a été retrouvée morte assassinée. Portée disparue depuis plusieurs heures, Soundous est morte par strangulation dans la maison familiale. Selon les indications fournies par la Gendarmerie nationale, le meurtrier présumé n'est autre que la femme de son oncle. Ce drame intervient quelques jours après un autre crime qui a bouleversé une partie de l'opinion. Vendredi dernier, Chaïma, 8 ans, est kidnappée devant la porte de son domicile avant d'être retrouvée sans vie, après deux jours de captivité, dans un cimetière de Sidi Abdallah à Mahelma, près de Zeralda à l'ouest d'Alger. Son assassin présumé? Un jeune voisin à peine âgé de 20 ans, toujours en fuite et activement recherché par les services de sécurité. Le drame s'est noué en fin de journée de jeudi, à Mahelma lorsqu'on frappe à la porte de la maison. Chaïma ouvre. Elle est enlevée par des personnes inconnues. Son corps a été retrouvé sans vie le lendemain dans le cimetière de Mahelma. La petite fille de 8 ans a subi des violences affreuses avant de rendre l'âme. La médiatisation de ce drame a provoqué l'indignation dans le pays. C'est toute la question des kidnappings d'enfants qui refait surface. Pourquoi donc ces crimes contre les enfants? Il convient de rappeler que le cas du petit Yasser, disparu il y a presque une année, et qui depuis n'a donné aucun signe de vie a ému tout le pays. En somme, le sujet est très sensible comme tant d'autres d'ailleurs. Mais comment rester insensible face à un tel drame qui ne fait que s'amplifier. Si l'Etat, certes, ne peut pas mettre un policier derrière chacune, des décisions doivent être prises. A commencer par le durcissement des peines, tel que suggéré par Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'homme. «Le pays a fortement besoin d'une loi sur la récidive des criminels», insistait Ksentini. Une chose est sûr, aucune organisation des services de sécurité ne se met en place dans les temps et d'une manière efficace pour épargner de telles atrocités à nos enfants. Normalement, quand un enfant disparaît et que les parents le signalent, «il faut réagir dans le quart d'heure qui suit et déclencher immédiatement le plan de recherche. Il faut mettre en place un périmètre de sécurité et un dispositif de communication. On ne peut pas attendre une heure. Cette organisation manque encore et quand elle se met en place, elle se fait tardivement», déplore Mustapha Khiati, président de la fondation Forem. Aujourd'hui, l'enlèvement d'enfants en plus de son caractère abominable revient d'une manière trop récurrente pour ne pas soulever des questions. S'agit-il d'actes ou comportements de personne relevant des grandes pathologies psychiatriques? Ou bien seraient-ils plutôt l'oeuvre de bandes organisées dans le trafic d'organes? Toujours est-il, ces actes interpellent les pouvoirs publics quant à leur responsabilité devant la protection des mineurs! Si d'aucuns appellent au durcissement de l'arsenal juridique, dont l'application de la peine capitale à l'encontre de ses criminels, une politique beaucoup plus globale doit être menée! Cela commence, par exemple, par la mise en place d'un service d'Etat dédié à la protection infantile et l'accompagnement des familles! Les systèmes d'alerte ont prouvé leur efficacité dans d'autres pays soumis à de tels événements. Aussi des campagnes d'informations soutenues sont nécessaires pour un travail de prévention.