La situation demeure tendue du fait des antagonismes apparus entre les communautés de la ville. De nouvelles manifestations, qui se sont transformées en confrontation entre Kurdes d'une part, Arabes et Turcomans, d'autre part, ont fait six morts et une trentaine de blessés mercredi dernier. Jeudi deux Kurdes et un Arabe ont par ailleurs été tués par des inconnus. Ces affrontements interethniques ont mis la ville de Kirkouk en effervescence. Hier, quoique la situation se soit calmée, la tension demeurait vive néanmoins. De fait, devant la gravité de la situation, une réunion de personnalités kurdes, arabes et turcomans, s'est tenue hier au gouvernorat de Kirkouk dans la perspective d'apaiser la tension et de favoriser le retour au calme. En fait, ce sont les revendications kurdes sur la ville de Kirkouk, important centre pétrolier, qui ont exacerbé les contradictions et mis le feu aux poudres entre les principales ethnies de la grande métropole du nord de l'Irak. En effet, c'est le projet kurde de fédéralisme, -présenté la semaine dernière devant le Conseil transitoire de gouvernement irakien par les membres kurdes du Conseil-, par lequel les Kurdes revendiquent notamment l'intégration de Kirkouk dans le futur Etat fédéral kurde, qui a fait l'effet de détonateur. Cependant, selon les déclarations de membres kurdes du gouvernorat de la ville, ce serait à l'instigation «des arabes» fidèles au président déchu, «venus d'autres régions d'Irak» et de «Turcomans extrémistes» qui cherchent à «semer la discorde entre les différentes communautés» que les choses se sont envenimées. Il est patent qu'il faudra beaucoup de doigté aux nouveaux responsables irakiens pour éteindre un feu allumé prématurément par les revendications territoriales kurdes alors même que l'Irak est toujours sous occupation étrangère et que le conseil transitoire de gouvernement a encore à faire ses preuves et agir pour que la nouvelle légitimité irakienne ne soit pas, avant même le transfert de pouvoir prévu en juin prochain, suspect de déséquilibrer la stabilité régionale de l'Irak. A Bagdad, une explosion a détruit un restaurant chic de la capitale irakienne, le jour du nouvel an, faisant huit morts et 24 blessés. Selon les premières indications de la police irakienne et de l'armée américaine, cet attentat n'aurait pas de relation avec la police ou les forces américaines, celles-ci n'ayant, selon un porte-parole de l'armée américaine, aucun lien avec le restaurant visé. Il est à noter par ailleurs l'assassinat, ces derniers jours, de plusieurs anciens responsables baâssistes. Ce qui a fait réagir, un important membre du Conseil suprême de la Révolution islamique en Irak (Csrii, chiite) Adel Abdel Mahdi, qui a indiqué «Nous sommes totalement opposés aux actes de vengeance et tentons de convaincre les gens de ne pas se faire justice eux-mêmes. Nous leur disons que c'est aux tribunaux de châtier les criminels» Par ailleurs, poursuivant la chasse aux fidèles de l'ancien président Saddam Hussein, les forces américaines ont procédé, lors des trois derniers jours, à de nouvelles arrestations de suspects, notamment dans les régions de Falloujah et de Baaqouba, fiefs de la résistance anti-américaine. A Falloujah, où se déroule une importante opération de recherche de fidèles de l'ancien régime, un hélicoptère de l'armé américaine s'est écrasé. Un soldat mort et un autre blessé ont été retirés des décombres de l'appareil. Selon des témoins, avant le crash une forte explosion a été entendue.