La tension subsiste à Kirkouk, la guérilla s'illustre à Falloujah. L'hélicoptère américain qui a crashé dans les environs de la ville de Falloujah, fief d'une résistance déterminée à l'occupation américaine, a bien été abattu par la guérilla, comme vient de l'annoncer un porte-parole de l'armée américaine. Ce dernier, annonçant la mort d'un soldat et la blessure d'un autre, a déclaré à la presse: «Nous sommes raisonnablement convaincus que c'était un tir ennemi.» A Kirkouk, la tension demeurait vive hier alors que des personnalités kurdes, arabes et turcomanes de la ville s'efforcent de désamorcer la crise qui s'annonce entre ces diverses communautés. La situation générale en Irak, loin de se stabiliser, tend à s'enliser malgré les efforts des autorités d'occupation américaines lesquelles ont multiplié les opérations contre la guérilla, comme celle, dénommée «poigne de fer», toujours en cours dans le périmètre de Falloujah-Baaqouba-Habbaniyah dans la province sunnite d'Al-Anbar. C'est à Falloujah que l'hélicoptère américain, sans doute faisant partie de l'opération en cours, a été abattu, faisant de cette région le tombeau des appareils militaires américains. C'est à Falloujah, rappelle-t-on, qu'a été abattu le 2 novembre dernier un appareil Chinook de transport de troupes faisant 16 morts parmi les soldats américains. Quatre jours plus tard, le 6 novembre, un autre hélicoptère Blackhawk était abattu par un tir de roquettes à Tikrit, avec à la clé, la mort de 17 militaires américains. En fait, malgré leur déploiement sur le terrain et les armes sophistiquées mises à sa disposition, l'armée américaine ne parvient pas à pacifier le pays se heurtant à une résistance, sans doute sporadique mais tenace, qui rend coup pour coup. Cela au moment même où semble entrer en ligne de compte une nouvelle forme d'attentat qui cible les civils, comme cela à été le cas par l'attaque perpétrée, le jour de l'an, contre un restaurant huppé de Bagdad. De fait, les autorités militaires américaines se demandaient hier encore si cette opération faisait partie de la résistance ou si c'était un acte isolé ou encore une nouvelle forme de guérilla. En tout état de cause, cela montre de fait que la situation n'évolue guère selon les plans de l'état-major américain, la résistance luttant pied à pied avec l'occupant américain, alors que semblent se développer d'autres paramètres de combat contre l'occupation étrangère. Alors que la coalition se trouve en pleine incertitude au plan militaire, au plan politique la révolte de Kirkouk, où la tension subsistait hier, montre que le Conseil transitoire de gouvernement irakien est loin de maîtriser la situation et semble même dépassé par l'activisme kurde. La revendication de Kirkouk par les Kurdes est l'une des raisons des affrontements ayant marqué la ville pétrolière mercredi dernier. De fait, les deux factions kurdes du PDK (Parti démocratique du Kurdistan de Massoud Barzani) et de l'UPK (Union patriotique du Kurdistan de Jalal Talabani) font le forcing pour imposer leur projet de fédéralisme qui pourrait aboutir à un partage de facto de l'Irak. Selon les médias kurdes d'hier, les deux leaders kurdes, MM.Barzani et Talabani ont rencontré hier à Erbil (nord de l'Irak) les deux chefs de la coalition, l'administrateur en chef américain, Paul Bremer, et le représentant britannique, Jeremy Greenstock. Les discussions, selon les mêmes sources, ont porté sur «le processus politique en cours en Irak». Dans leur volonté d'imposer le fédéralisme, et un Etat fédéral kurde, les Kurdes semblent, par leur activisme, avoir pris beaucoup d'avance sur les autres ethnies mettant en question l'unité future de l'Irak. La chute de Saddam Hussein, loin d'éclaircir la donne irakienne, semble avoir créé de nouveaux abcès de fixation tout en plongeant le pays dans l'imbroglio.