Finalement, l'Amérique qui avait fait la promotion du capitalisme durant plus d'un siècle, est tombée dans son propre jeu commercial. La devise de l'offre et de la demande prend tout son sens quand il s'agit de parler de la vente de Current TV au groupe Al Jazeera. Selon le très sérieux New York Times, la télévision américaine a été cédée pour 500 millions de dollars. Al Gore qui détient 20% de la chaîne devra percevoir 100 millions de dollars. Le droit d'entrée aux Etats-Unis n'a coûté finalement qu'un demi-milliard de dollars. Une somme insignifiante pour les émirs d'un pays de 800 000 habitants qui n'ont pas de crise politique, crise médiatique et économique à gérer. Bien qu'Al Jazeera English possède des bureaux à New York, à Washington, à Los Angeles, à Miami et à Chicago, elle n'avait jamais été en mesure de prendre pied aux Etats-Unis et pour cause, le manque d'intérêt des bailleurs de câbles aux Etats-Unis. Le réseau du câble américain a déclaré dans un communiqué de presse, mercredi, que 40% de l'auditoire live-streaming pour Al Jazeera English réside aux Etats-Unis avec l'acquisition de Current TV, cependant, ils pourraient atteindre 40 millions de nouveaux foyers américains. Il est prévu qu'ils vont lancer un nouveau réseau, Al Jazeera Amérique qui va s'appuyer sur les leçons tirées des erreurs d'Al Jazeera English. Une vente qui a fait l'effet d'une bombe dans le paysage audiovisuel américain. Après la nouvelle de la prise de contrôle d'Al Jazeera, Time Warner a annoncé son intention de supprimer Current TV de sa gamme immédiatement. Même Fox News, détenue par les conservateurs, n'a pas tardé à régir à cette OPA, en déclarant: «Il est difficile d'imaginer un seul instant pour les téléspectateurs de Fox News qu'un ancien vice-président libéral ait pu vendre sa télévision ciblée à un réseau «terroriste». Fox News n'a pas tardé à mentionner que Al Jazeera a été accusée d'avoir collaboré avec Al Qaîda et que l'un de ses journalistes a été arrêté en Israël en 2011 en raison de liens présumés avec le Hamas». Même les Arabes d'Amérique ne sont pas satisfaits de cette vente. En réalité, c'est le lobby des Libanais et des Saoudiens aux States qui s'opposent à l'entrée sur le territoire américain des Qataris. Le premier à réagir à cette nouvelle, c'est Philip Seib, auteur de «L'Effet Al Jazeera», qui a déclaré sur le New York Time: «Il y a encore des gens qui ne la regardent pas, considérant que c'est une télévision qui sert les réseaux terroristes», ajoutant qu'Al Jazeera doit donc redéfinir son traitement de l'information en fournissant des nouvelles de qualité. Malgré les éloges de beaucoup d'autres pour sa rigueur journalistique perçue dans la couverture de questions relatives au Moyen-Orient, y compris les membres de la Maison-Blanche qui l'a utilisée comme source de nouvelles clés au cours du Printemps arabe de 2011, n'ont jamais pu effacer cette étiquette, entraînant même sa version en langue anglaise, Al Jazeera English, n'étant pas disponible sur n'importe quel fournisseur de câble aux Etats-Unis, sauf à New York et à Washington. [email protected]