Peut-on rapprocher la distance idéologique entre le sionisme et le wahhabisme ? Cela s'apparente à une entreprise pour le moins messianique, du moins en théorie. Et pourtant ! Deux hommes qui symbolisent le mieux ce grand écart entre deux mondes, ont « réussi » à réconcilier l'irréconciliable. Le magnat juif australien des médias, Rupert Murdoch, et le wahhabite saoudien, Al-Walid Ben Talal, viennent de nouer un partenariat étonnant et détonnant. Défenseur invétéré d'Israël, Murdoch a réussi à s'offrir le prince Talal issu d'un royaume ultra-conservateur à visage libéral. C'est mardi dernier que les deux milliardaires ont célébré leur union médiatique pour le meilleur et pour le pire, par la conclusion d'un contrat, particulièrement lucratif dans les domaines de la télévision et de la production cinématographique. Le prince Al-Walid a annoncé à Ryad que son groupe régional du divertissement, Rotana, cédait 9,09% de ses actions au géant des médias, News Corporation de Murdoch, avec une option pour doubler cette participation dans les 18 prochains mois. Les deux hommes avaient déjà entamé un rapprochement : Kingdom, le holding du prince Al-Walid, contrôle déjà 7% des parts dans News Corp, et Rotana diffuse des émissions de Fox Entertainment sur ses chaînes basées à Dubaï : Fox Series et Fox Movies. Les deux partenaires ont souligné qu'ils cherchaient, par leur nouveau contrat, à exploiter le marché régional du Moyen-Orient. Même dans le monde occidental on a du mal à croire à cette alliance des deux extrêmes. Et pour cause ! Les grands médias de Murdoch comme Fox News, Wall Street Journal et New York Post aux Etats-Unis, ainsi que Times, Sky TV et The Sun en Grande-Bretagne, sont connus et reconnus pour être des canaux de transmission de l'arabophobie et de l'islamophobie. Murdoch s'est même vu décerner des prix par des organisations juives pour sa fidélité à la cause… La chose serait passée inaperçue s'il ne s'agissait pas d'un personnage sulfureux qui appartient à la famille du soi-disant « Serviteur des Lieux Saints de l'Islam ». Ces liaisons dangereuses du mégalomane Talal prouvent au contraire que les Wahhabites se servent des Lieux Saints de l'Islam. Qu'a-t-il fait, en effet, pour alléger les souffrances des enfants à Ghaza ou en Irak, bombardés par les troupes américaines et israéliennes, soutenues à bras le corps par l'empire médiatique de Murdoch ? Rien. En revanche, le prince Al-Walid, a offert une rondelette somme de 10 millions de dollars à la ville de New York après les attentats du 11-septembre ! Une offrande que le maire de cette ville, à l'époque Rudi Giuliani, a énergiquement rejetée. Question à un rial : qui peut croire le discours de ces princes et roitelets qui peuvent pactiser avec le diable et chanter dans le même temps la « Ouma » ? Les Américains et les Israéliens l'ont compris depuis longtemps.