La dernière réunion de son Bureau politique entérine la mue du vieux parti. Les femmes et les jeunes seront aux premières loges. Le nouveau visage du FLN est jeune, moderniste et résolument tourné vers la société. «La priorité pour la direction du parti, à l'heure actuelle, consiste à édifier un parti fort, enraciné dans la société et ouvert à toutes les catégories sociales», a déclaré Ali Benflis, lors du point de presse qu'il a animé, avant-hier en début de soirée, à l'issue de la réunion du BP. Le nouveau secrétaire général a insisté sur la détermination de son parti à ne ménager aucun effort pour une prise en charge effective des problèmes et préoccupations des citoyens dans les différents domaines. Une volonté qui semble être le nouveau leitmotiv de la formation du Chef du gouvernement et qui verra une application sur le terrain dans des délais pas très éloignés, puisque le SG promet une réunion des secrétaires des mouhafadhate dans le courant du mois prochain, pour, dit-il, «définir une stratégie d'action et donner un nouvel élan à l'action militante» . Dorénavant, à en croire Benflis, le vieux parti se rapprochera des deux éléments moteurs qui font l'essentiel dans la dynamique sociale et qui se trouvent être marginalisés par le système. C'est ainsi que les jeunes et les femmes seront aux premières loges des préoccupations du FLN. Mieux, le nouveau SG considère que la femme qui, soit dit en passant, fait, pour la première fois dans l'histoire du parti, son entrée dans le BP, est «un élément principal», dans la nouvelle démarche du parti que Benflis voudrait moderniste. Aussi, le rapprochement avec la société civile est-il vu par le parti comme une donnée stratégique dans ses relations à la société. Tranchant avec le conservatisme qui a guidé les actions de ses prédécesseurs, le SG du FLN déclare, sans ambages, son souhait de voir le code de la famille amendé dans le cadre des principes de la Constitution qui consacrent les droits de la femme. Dans cette même conférence de presse, Benflis a réaffirmé le soutien de son parti aux réformes économiques, ainsi que celles, de fond, engagées par le chef de l'Etat. Il a, par ailleurs, insisté sur la vertu du dialogue en ce qui concerne la crise qui secoue la Kabylie. Sur ce sujet, le SG a révélé qu'un dialogue a bel et bien été engagé entre la chefferie du gouvernement et des citoyens de la région, tout en affirmant sa conviction que des solutions seront sans doute trouvées. En fait, le SG du FLN donne de son parti, l'image d'une formation politique entièrement acquise au dialogue et dotée d'une réelle volonté de faire davantage dans le travail de proximité. Benflis semble vouloir rétrécir la fracture entre la classe politique et les citoyens. Une oeuvre qui n'est pas de tout repos en ces temps de contestations tous azimuts et d'absence presque totale de dialogue entre le personnel politique et ses électeurs. Le règlement de la crise kabyle constitue en soi un test très important pour le nouvel homme fort d'un parti qui a connu des vertes et des pas mûres ces dix dernières années. Enfin, les journalistes présents au point de presse ont pris connaissance des seize grandes missions de la génération Benflis. Quatre grands axes constituent les «grands travaux» du FLN: le rapprochement avec la société, l'éducation et la culture dans leur acception la plus large, les droits de l'Homme et la promotion de la jeunesse. De plus, Benflis prévoit une nouvelle mission, celle relative aux questions sécuritaires. Un intitulé qui a tout de même attiré l'attention des journalistes. Benflis a répondu à la question relative au pourquoi d'une telle mission, en relevant que tous les grands partis se doivent d'avoir des vues sur tous ce qui touche à la société. Il se trouve que l'aspect sécuritaire fait partie de la quotidienneté des Algériens. Une manière comme une autre de rendre à l'acte politique toutes ses lettres de noblesse.