El-Biar, ce coin de terre particulièrement prisé par les gens du pouvoir et les grosses fortunes, jouit d'une réputation très contrastée, où se côtoient le merveilleux et le mélancolique, la richesse extravagante et la misère affreuse, le luxe et le souffre. Célèbre pour ses puits, dont elle porte le nom arabe, et qui faisaient jadis la réputation de ses vergers paradisiaques et de ses jardins enchanteurs, ses villas mauresques «éclatantes» de blancheur, telles des perles éparpillées au milieu d'un univers de granit, ses châteaux de «nouveaux milliardaires», imposantes silhouettes de béton et de marbre, signe d'une richesse «outrancière», sa grande place, une des plus belles d'Alger, qui porte le nom du plus prestigieux président des Etats-Unis d'Amérique après George Washington, mais néanmoins père de la terrifiante logique de «destruction massive réciproque», sa résidence «El Mithak» où les illustres hôtes de l'Algérie viennent goûter à la table du président, aux délices des douces soirées algéroises, son «balcon boisé», d'où le regard caresse avec délectation les formes voluptueuses de la baie d'Alger, baignant dans les eaux chaudes de la Méditerranée, son «fort» que la croyance populaire elbiaroise attribue faussement à l'empereur Charles Quint, mais qu'en vérité «ce prince espagnol y fit seulement dresser quelques batteries et quelques retranchements qu'il n'eût même pas le temps d'utiliser». (Venture de Paradise «notes sur Alger» 1789), elle est ralliée aujourd'hui pour ses nouveaux riches «oisifs», ses vieilles «aristocrates» dodues, repoussant avec acharnement les signes du troisième âge, et sa nouvelle génération «tchi-tchi», montrés du doigt pour la «ségrégation» ambiante qui y règne par «classe» et par «quartier» et même par profession.