«L'intégrisme est à la religion ce que la pornographie est à l'amour...» Kurzas On définit l'intégrisme comme une doctrine qui prône le plus pur conservatisme en matière de religion. Elle écarte toute évolution de l'interprétation des textes par une société qui pourtant a diablement changé par rapport à l'époque où sont apparus ces textes. L'intégrisme se manifeste aussi bien (le plus souvent) en religion qu'en politique. C'est au moment où ce courant fait mal que les yeux s'ouvrent sur son véritable rôle dans la société. Pourtant, ce n'est pas un phénomène nouveau. La religion juive abonde de prophètes qui prêchent le retour aux sources et prédisent les pires calamités au peuple qui est tenté " d'être dans le vent ". Dans la République romaine, c'est un Caton l'ancien qui appelle le peuple romain à éviter les fleurs de la décadence et à revenir aux vertus des pères fondateurs. Mais le plus connu des prêcheurs intégristes demeure celui de la Renaissance italienne: Jérôme Savonarole qui eut maille à partir avec le puissant pape issu de la famille des Borgia. Il naquit dans une famille de médecins de Ferrare et entreprit des études médicales et humanistes. Cependant, il prit ses distances avec une société qu'il jugeait trop cupide, et entra au couvent. Il commença sa carrière ecclésiastique à Bologne chez les Dominicains, puis prêcha dans plusieurs villes d'Italie où il connut un grand succès. Ses sermons prônaient la repentance et le retour à une vie simple, proche de l'Evangile, et même austère. Il critiquait en particulier le luxe de la cour papale. Il devint néanmoins très apprécié, et devint le confesseur d'hommes politiques célèbres. C'est ainsi qu'il mit les pieds dans la politique: lorsqu'en 1494, les Médicis soutinrent l'invasion française, Savonarole encouragea la révolte des Florentins contre leurs dirigeants. Pierre de Médicis s'exila, et Savonarole s'imposa comme le chef politique de la cité. Fort de ce pouvoir politique et religieux, il interdit les fêtes profanes, le jeu, les images dans les lieux de culte, il demanda le port de costumes austères, et surtout, il organisa les bûchers de vanité où les Florentins étaient invités à venir brûler leurs effets personnels trop luxueux ou luxurieux. Cette volonté d'imposer l'austérité à la riche cité divisa ses habitants. Une opposition à Savonarole naquit. Ses attaques toujours plus virulentes contre le pape lui valurent d'être convoqué à Rome (1495). Il ne s'y présenta pas, continua ses sermons accusateurs, il fut excommunié (1497) et le pape exigea son arrestation. Les menaces de représailles du pape contre la ville renforcèrent l'opposition à Savonarole. Il fut finalement livré à un tribunal de l'Inquisition qui le condamna au bûcher. Si Savonarole est présenté comme un pur qui n'avait point de mécène, on ne peut pas en dire autant des groupes intégristes qui utilisèrent d'abord la religion puis le terrorisme pour influer sur le cours politique des choses. Cependant, il serait naïf de penser que la mouvance terroriste désignée sous le nom d'El Qaîda soit un bateau ivre livré au gré de la folie de ses maîtres de quart: s'il n'y a pas un pays qui soutient officiellement ces groupuscules qui se manifestent un peu partout au gré des contrats financiers, il n'en demeure pas moins que des lobbies puissants en liaison avec des clans politiques sont derrière tous les coups fourrés que subissent des populations malmenées par l'Histoire.C'est sans nul doute, comme ce fut le fait pour les cités italiennes de la Renaissance pour les pays rabes, l'afflux des richesses provoqua l'inflation du discours religieux et la multiplication des faux prophètes. L'invasion de l'Afghanistan par les soviétiques poussa les pays de l'Otan à offrir la logistique nécessaire à ceux qui se sont détournés du problème palestinien pour s'investir en Afghanistan. Les pays arabes et africains sont en train de récolter maintenant les fruits des investissements des pays de l'Otan. Ce sont eux qui ont ouvert les portes à cette barbarie sans frontières.