Au Maroc, la drogue est cultivée à ciel ouvert Le PJD, Parti de la justice et du développement, du chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, qui a fait de la moralisation de la vie publique son cheval de bataille, vient d'être éclaboussé. Le trafic de drogue déploie ses tentacules. Il tisse sa toile. Dans les mailles du filet, il n'y a pas que du menu fretin. Le PJD, parti du chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, qui a fait de la moralisation de la vie publique son cheval de bataille, vient d'être éclaboussé. «Le tribunal de Casablanca a condamné un cadre local du Parti de la justice et du développement (PJD), le parti islamiste au pouvoir au Maroc, à six ans de prison ferme pour sa participation à un réseau international de trafic de drogue, a rapporté vendredi la presse marocaine. Trois de ses complices, tous marocains résidents en France, ont écopé de peines de quatre à cinq ans de prison. Ils ont été arrêtés au mois de janvier 2013 à l'aéroport de Casablanca. Ils avaient dans leur estomac, 429 capsules de cocaïne pure. Une affaire, loin de représenter un simple fait divers. Le trafic de drogue est au coeur de la question de la réouverture de la frontière terrestre entre l'Algérie et le Maroc. Cela a été confirmé par le ministre algérien des Affaires étrangères. L'Algérie n'est pas contre mais veut avant tout «garantir la sécurité à ses frontières...mettre un terme au flux de stupéfiants provenant du Maroc vers l'Algérie...et maîtriser la question de la circulation des personnes et des marchandises», a expliqué le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, dans une interview accordée au début du mois de décembre 2012 à la chaîne de télévision saoudienne al-Arabiya. En 2012, plus de 51 tonnes de kif traité ont été saisies par les services de la sureté nationale à travers une douzaine de wilayas de l'Ouest du pays (OranMostaganem, Saida, Aïn Témouchent, Tiaret, Naama, El Bayadh...) qui sont devenues une plaque tournante du trafic de drogue, de part leur proximité avec le Maroc, a indiqué un responsable de la sureté de la wilaya d'Oran dans un bilan présenté aux journalistes. «Pas moins de 3 130 personnes sont présumées impliquées dans 2456 affaires de narcotrafic» a précisé la même source. Des chiffres qui montrent l'ampleur prise par ce fléau dont les ramifications se prolongent au-delà des rives de la Méditerranée. Au mois de janvier 2009, quatre-vingt seize (96) personnes, bon nombre d'entre elles appartenant aux Forces armées royales marocaines, ont été mises en examen suite au démantèlement d'un important réseau de trafic de drogue entre le Maroc, la Belgique et les Pays-Bas via l'Espagne. «La mise sous mandat de dépôt de tous ces suspects et la mise sous scellés et le gel de leurs biens immobiliers et mobiliers, ainsi que leurs comptes bancaires et ceux de leurs conjoints et descendants», avaient été ordonnées selon un communiqué diffusé par le procureur général du roi à Casablanca. «26 civils, 29 éléments de la marine royale, 17 gendarmes, 23 éléments des forces auxiliaires et un soldat», figurent parmi les prévenus, avait indiqué le document. Les services marocains chargés de mener la lutte contre les narcotrafiquants ne sont pas au bout de leur peine. Et pour cause: le ver est dans le fruit. Un commandant, neuf gradés et un gendarme, se sont retrouvés au milieu de réseaux de narcotrafic et de filières de migration clandestine au mois d'avril 2012, a fait savoir le ministère marocain de l'Intérieur. «La Gendarmerie royale a ouvert une enquête judiciaire sous la direction du parquet de Settat, suite à l'implication constatée d'éléments des services de sécurité aux côtés de narcotrafiquants notoires évoluant dans différentes régions du royaume», avait précisé le communiqué. Les trafiquants semblent avoir jeté leur dévolu sur le port de Casablanca pour inonder le marché européen. Entre le 30 novembre 2011 et le 3 juin 2012, soit en l'espace de six mois, les services des douanes du port de Casablanca ont saisi, près de 8 tonnes de drogue (haschich...). Malgré ces prises considérables, les révolutions arabes qui ont fragilisé certains pays (Tunisie, Libye, Egypte...) ont rendu plus perméables leurs frontières et ouvert toutes grandes les portes, celle de la région du Sahel au cannabis marocain...