L'agriculture saharienne représente 18,2% de la valeur de la production agricole nationale La réunion de Ghardaïa intervient sur fond de guerre au Mali et au lendemain de l'attaque terroriste sur le site gazier de Tiguentourine à In Amenas. Focus sur le Sud où se joue l'avenir alimentaire du pays. La bataille pour cette sécurité alimentaire et donc de la souveraineté s'annonce rude et dure. Cette problématique a été largement abordée, hier, lors d'une grande rencontre régionale de «concertation» sur le développement local dans la capitale du M'zab (Ghardaïa) pour discuter des programmes de développement mis en place pour les wilayas du Sud. Des éleveurs, des notables et représentants de la société civile et des responsables de trois départements ministériels, le ministre de l'Agriculture, Rachid Benaïssa, des Ressources en eau, Hocine Necib et le secrétaire général du ministère de l'Intérieur, Abdelkader Ouali ont pris part aux débats. C'est à Ghardaïa que se sont rencontrés les wilayas de Biskra, El Oued, Ouargla et Laghouat. Cette conférence-débat, marque le début d'une série de rencontres régionales à Adrar, Tamanrasset, Béchar et Tindouf. L'objectif est d'«évaluer» l'impact généré par les actions prises en faveur du Grand Sud algérien de manière à «impulser» le développement économique et social de ces régions, indique le ministère. Il s'agit aussi de l'opportunité d'impliquer les acteurs locaux, dont la société civile, dans le processus de développement économique du pays. Les responsables du gouvernement ont de prime abord souligné que cette réunion a été programmée il y a de cela sept mois, mais que le contexte est têtu: elle intervient sur fond de guerre au Mali et au lendemain de l'attaque terroriste sur le site gazier de Tiguentourine à In Amenas. On ne peut donc s'empêcher de l'inscrire dans ce cadre. Aussi, ce conclave consiste-t-il à rapprocher davantage le citoyen de l'administration et de signifier la présence de l'Etat au sud du pays sérieusement perturbé par des mouvements sociaux de protestation et une conjoncture sécuritaire des plus fragiles. C'est dans ce sens d'ailleurs qu'a abondé le ministre de l'Agriculture, Rachid Benaïssa, affirmant que «cette rencontre est une occasion supplémentaire de rapprochement de tous les acteurs pour réduire les distances, favoriser la participation, l'amélioration de la mise en oeuvre des programmes de développement engagés en faveur des wilayas du Sud». Détaillant le faisceau de mesures qui est en train de se mettre en place pour le développement local au Sud, M.Benaïssa a annoncé que l'Etat accordera un prêt de 80 millions de centimes aux agriculteurs qui se proposent de construire des silos, de même qu'une aide de 60 à 70% à ceux qui veulent construire des hangars. Il a aussi annoncé que la mesure selon laquelle «la terre appartient à celui qui la travaille» est toujours d'actualité pour la région Sud. Ces mesures annonce le ministre, viennent en complément de l'enveloppe de 50 milliards de dinars dont bénéficient les cinq willayas. Le but étant de créer de la performance et une sorte de dispositif d'émulation entre les uns et les autres. L'agriculture saharienne représente 18,2% de la valeur de la production agricole nationale, qui a atteint 29,3 milliards de dollars lors de la campagne agricole 2011-2012, selon le ministère de l'Agriculture. A elle seule la willaya d'El Oued produit 36% de la production nationale de pomme de terre. En 2012, les pouvoirs publics ont accordé une enveloppe supplémentaire de 79 milliards de DA au développement de l'agriculture dans le Sud. «Nous espérons atteindre les 30% dans les années prochaines, c'est un défi que nous lançons et que nous voulons relever» a encore annoncé le ministre. De son côté, le secrétaire général du ministère de l'Intérieur a instruit les walis et les représentants locaux de consigner toutes les doléances des intervenants et de leur donner effet sur le terrain. «Une commission sera immédiatement créée et les conseils de wilaya doivent appliquer et répondre dans la mesure du possible aux doléances des citoyens» a recommandé M.Abdelkader Ouali. «La question du foncier sera totalement assainie durant cette année 2013. S'agissant du problème de la bureaucratie, un programme d'action existe au niveau du gouvernement pour lutter de la manière la plus efficace contre ce fléau. Se taire ou l'ignorer c'est casser la relation entre le citoyen et l'Etat», a déclaré M.Ouali. Au sujet de la décentralisation, il a indiqué que son département se chargera d'envoyer des inspections régulières au niveau des wilayas. Car, il faut dire que le problème central tient à la décentralisation, à concéder plus de pouvoir aux assemblées locales, ce que refusent à présent les autorités à Alger. Lors de débats, les agriculteurs et les éleveurs se fondent souvent dans de longs cahiers de doléances mais ponctués par des revendications que d'aucuns ont estimé de nouvelles pertinentes et raisonnables. Ils revendiquent par exemple à ce que les sociétés pétrolières payent les dégâts qu'elles causent aux camelins obligés de s'abreuver dans des flaques d'hydrocarbures, ils demandent aux autorités qui payent des millions de dollars dans le cadre des aides internationales lors de catastrophes naturelles, d'intégrer les dattes comme produit de secours, ils proposent à ce que la Sonatrach s'investisse dans l'agriculture dans certaines régions du Sud, comme le fait la société française Total dans d'autres pays, ils demandent aussi des armes pour protéger leur cheptel et donc se défendre. Une demande, le moins que l'on puisse dire, nouvelle chez les citoyens du Sud.