Belkhadem «poussé» vers la porte de sortie Le forcing de Belkhadem, quelques minutes après le retrait de confiance, dénote du caractère obstiné de l'homme qui ne compte céder aucune parcelle de pouvoir à ses adversaires. Evincé jeudi de son poste de secrétaire général du FLN, avec 160 voix pour et 156 voix contre, Abdelaziz Belkhadem ne semblait pas, hier, être dans la peau d'un perdant. Au contraire. Serein et attendant le moment opportun pour rebondir, celui qui s'évertuait, jeudi, à déclarer avoir ouvert une nouvelle page «démocratique» dans la vie du parti, n'était pas résolu pour autant, à baisser les bras. Destitué sur le fil du rasoir avec quatre voix seulement, Abdelaziz Belkhadem croit au miracle. Il a affirmé, hier que chaque membre du comité central était en droit de se porter candidat pour le secrétariat général du parti. Il a estimé que le seul lien entre ses «opposants», en l'occurrence ceux qui ont voté pour le retrait de confiance, était «le départ de Belkhadem et rien d'autre», ajoutant que tout responsable destitué pouvait revenir à la charge, en allusion à son probable retour à la tête du parti. Partant de cette déclaration, un renversement de situation n'est pas à écarter dans une formation politique «imprévisible». Jusqu'à une heure tardive de l'après-midi d'hier, les fidèles du secrétaire général s'attelaient à convaincre les abstentionnistes à revenir à de meilleurs sentiments en donnant leur voix au secrétaire général sortant, si jamais il présentait sa candidature à la tête du parti. Le forcing de Belkhadem, quelques minutes après le retrait de confiance, dénote du caractère obstiné de l'homme qui ne compte céder aucune parcelle de pouvoir à ses adversaires. Tout en se montrant «fair-play», en respectant la procédure de vote, il continue de nourrir l'espoir de se voir reconduit à son poste. «On remonte l'échelle, comme on y descend», lançait-il, hier en début d'après-midi à des journalistes qui l'invitaient à commenter le retrait de confiance. Même si en cette journée printanière du jeudi 31 janvier, ses troupes dépêchées spécialement à Sidi Fredj, avaient été empêchées d'accéder à l'hôtel Riadh, il n'en reste pas moins que Belkhadem a toujours trouvé la parade pour gagner du temps. D'ailleurs, au lendemain de sa destitution, Belkhadem a réussi à s'imposer à la tribune. Faisant fi de l'opposition de ses adversaires de le voir «orchestrer», Belkhadem, dans une dernière tentative de revenir au-devant de la scène, propose l'élection d'un nouveau secrétaire général et la formation d'une commission de candidatures. M.Belkhadem qui a dirigé les travaux de la séance du matin, bien qu'ayant fait l'objet d'un retrait de confiance du CC, a souligné l'importance de l'élection d'un nouveau secrétaire général et la formation d'une commission de candidatures composée de six membres partisans et six opposants. Estimant que l'ancien secrétaire général n'avait pas la prérogative de gérer la session, qualifiant ce comportement «de violation de la loi», les opposants à Belkhadem n'ont pas assisté à la séance du matin et sont restés à l'extérieur de la salle, décidant de se réunir après la prière du vendredi pour décider de la participation ou du boycott de la séance de l'après-midi de cette session. Dans une déclaration à la presse, Abdelkrim Abada, chef de file des redresseurs a affirmé que jusqu'à présent, les opposants n'ont présenté aucun candidat pour le secrétariat général du parti avant d'ajouter que M.Belkhadem «n'a pas le droit, du point de vue politique et éthique, de se porter candidat bien que le règlement intérieur l'y autorise en tant que membre du CC». Les opposants à Belkhadem proposent que la session du Comité central demeure ouverte pour se concerter sur la manière de gérer le parti, en attendant l'élection ou la désignation après consensus d'un nouveau secrétaire général du FLN. Le camp Belkhadem demande pour sa part la formation d'une commission pour élire le secrétaire général lors de cette session. Les partisans de l'ancien secrétaire général ont rejeté la décision, lue par un membre du comité central appartenant aux opposants, selon laquelle la présente session reste ouverte et appelant à la formation d'un bureau pour la gestion de la session. Au moment où nous mettons sous presse, les deux camps rivaux campent sur leurs positions. Gagner du temps est pour chacun le meilleur moyen de tirer son épingle du jeu. Mais, une chose est à craindre: si jamais le statu quo persiste, le vieux parti risquerait d'effectuer un saut dans l'inconnu, préjudiciable pour son avenir.